Après être passé par Fukushima, nous arrivons dans le département de Miyagi.
La particularité des PokéPlak dans ce département est qu’il y en a exactement une pour chaque collectivité territoriale. Il faut donc en trouver 35 pour compléter le Pokédex de Miyagi. On peut les séparer en deux groupes en fonction de leur date d’installation. Dans cet article, nous commencerons par les PokéPlaks installées en juillet 2019. Préparez quelques provisions car nous allons parcourir plus de 200 kilomètres le long de la côte.
La région du Tôhoku (nord-est du Japon) et en particulier les 15 collectivités territoriales du département de Miyagi que nous allons voir dans cet article, ont été violemment touchées par le tsunami du 11 mars 2011. Elles en conservent encore les cicatrices. La campagne Pokémon Local Acts s’inscrit donc dans les efforts de reconstruction et de relance économique des régions sinistrées.
Sommaire
Lokhlass, je te choisis !
En juillet 2019, Lokhlass est nommé Pokémon ambassadeur du département de Miyagi pour incarner les voyages à faire le long des côtes et des îles de Miyagi.
Par définition, Lokhlass est un Pokémon pouvant servir de transport. Son nom original (Rapurasu, ラプラス) ferait référence au français “la place” car sur son dos il y a la place pour y tenir et pouvoir ainsi voyager.
Il a également été choisi car il évoque une image rassurante et paisible de l’océan. Nous allons voir que dans cette série de PokéPlak l’océan est mis à l’honneur et qu’il est représentée dans différents styles graphiques. Alors, montez à bord de Lokhlass et c’est parti !
01 – Yamamoto
Le bourg de Yamamoto est la première agglomération où nous arrivons depuis Shinchi, c’est ici que le Pokémon ambassadeur du département de Fukushima passe le relais à celui du département de Miyagi ou inversement si on fait le chemin du nord vers le sud.
Les deux Pokémon sont de profil : Leveinard à gauche et Lokhlass à droite. A l’arrière plan, un soleil rouge brille dans un ciel orangé au-dessus de flots stylisés qui rappellent les motifs traditionnels (Seigaiha, 青海波). Comme le département de Miyagi fait face à l’est et que par conséquent seul le soleil levant est visible au-dessus de la mer, je vous propose d’y voir une représentation du soleil qui se lève pour nous accompagner dans notre chasse aux PokéPlak de Miyagi.
Si j’avais fait le chemin inverse, je vous aurai dit d’y voir le soleil qui se couche sur la fin de notre voyage…
02 – Watari
Nous poursuivons notre chemin vers le nord, en longeant la côte pour arriver au bourg de Watari (Watari-machi, 亘理町). Cette fois, Lokhlass est sur une plage accompagné de quatre Pokémon oiseaux. Tylton (Chirutto, チルット, n°333) est blotti contre son flanc, Etourmi (Mukkuru, ムックル, n°396) et Nirondelle (Subame, スバメ, n°276) sont posés sur sa coquille et Poichigeon (Mamepato,マメパト, n°519) dort sur sa tête.
A l’arrière-plan, on voit des vagues figurées par des ondulations bleues qui viennent frapper une barrière de tétrapodes en béton posée sur le sable. Un détail qui semble anodin tant ces structures sont fréquentes sur les plages de l’est du Japon. Celles-ci nous rappellent la fragilité de cette région exposée aux caprices de l’océan Pacifique.
La mer aux oiseaux
Toutefois, ce qui rend ce design bien spécifique à Watari, ce sont les Pokémon qui y sont représentés. En effet, le bourg de Watari a la particularité de posséder un lac connecté à l’océan Pacifique, le lac Tori-no-umi (鳥の海). Littéralement le nom de ce lac signifie “la mer aux oiseaux”, car de nombreux oiseaux migrateurs et oiseaux marins y vivent et se nourrissent des poissons et autres coquillages qui peuplent ses eaux saumâtres. C’est donc en référence à ce lac qu’on trouve tous ces Pokémon oiseaux.
03 – Iwanuma
Sur la rive nord du fleuve Abukuma, nous arrivons à la ville d’Iwanuma (Iwanuma-shi, 岩沼市). Cette fois, Lokhlass est en pleine mer. Des sillons traversent la plaque, formant une grande étendue bleue bordée à l’horizon par de hauts nuages blancs. Un soleil jaune rayonne derrière les nuages et deux silhouettes d’oiseaux marin volent dans le ciel.
Togepi (Togepî, トゲピー, n°175) est assis sur la coquille de Lokhlass qui se retourne pour le regarder.
Togepi et Lokhlass
J’ai lu une théorie selon laquelle, Togepi aurait été choisi car sa dernière forme évoluée (Togekiss) ressemblerait à un avion et ferait donc allusion à l’aéroport de Sendai situé dans cette ville. C’est en effet un marqueur important dont on retrouve une trace sur d’autres plaques de regard de chaussée d’Iwanuma où des avions sont représentés. Néanmoins, je trouve que la tête de Togepi ressemble au logo de la ville d’Iwanuma et que ce serait pour cette raison qu’il a été choisi, en plus d’être mignon et populaire.
Enfin, Togepi est un Pokémon mignon et populaire puisqu’il accompagne Ondine depuis la fin de la 1ère saison. De plus, Togepi a déjà voyageait sur le dos de Lokhlass dans la saison 2 de la série (diffusée entre janvier et octobre 1999 au Japon) ce qui peut rappeler quelques souvenirs aux plus grands fan de Pokémon.
Générique !
04 – Natori
Nous continuons de nous rapprocher de Sendai et nous faisons un arrêt dans la ville de Natori (Natori-shi, 名取市).
Sur cette plaque, Lokhlass a rencontré un congénère dont la couleur violette correspond à celle de la forme chromatique. Les deux Pokémon flottent sur des vagues devant un ciel noir où flamboient des œillets rouges tels des feux d’artifices. La scène rappelle ces soirées d’été, où on se retrouve en amoureux pour assister aux grands feux d’artifices. A noter, qu’en japonais, « feu d’artifice » (hanabi, 花火) s’écrit avec les kanji fleur (hana, 花) et feu (hi, 火), l’association graphique était donc encore plus évidente.
Quand l’espoir refleurit
Même si la culture des œillets est loin d’être la plus répandue dans la région, Natori a la réputation d’être en première position dans le nord-est du Japon. L’œillet est la fierté de cette ville. Sa culture remonte aux années 1940, mais à partir de 2011, cette fleur s’est chargé d’une symbolique supplémentaire.
Le tsunami du 11 mars 2011 a détruit les habitations et les champs, anéantissant les cultures. Néanmoins, le printemps suivant les œillets ont fleuri de plus belle, devenant un symbole d’espoir et de renaissance pour la population locale. C’est donc pour ces deux raisons que cette fleur figure sur cette Poképlak.
05 – Sendai
Nous voici arrivés dans la ville de Sendai, capitale du département. Cette fois, c’est le Pokémon fabuleux Jirachi (Jirâchi, ジラーチ, n°385) qui accueille Lokhlass. En plus de ces deux Pokémon, nous remarquons deux grandes tiges de bambou à gauche et une PokéBall posée au sommet de long rubans bleu, jaune et rose, à droite. Le tout sur un fond noir qui évoque un ciel nocturne parsemé d’étoiles.
La fête des étoiles
Des bambou et une boule surplombant des rubans colorés, ces décorations font référence au festival de Tanabata qui célèbre les retrouvailles annuelles de la princesse tisserande (Orihime, 織姫) et du bouvier (Hikoboshi, 彦星). Cette fête est aussi appelée “fête des étoiles” car les deux amants de l’histoire sont Véga (Alpha Lyrae) de la constellation de la Lyre et Altaïr (Alpha Aquilae) de la constellation de l’Aigle qui ne peuvent traverser la Voie lactée qu’une fois par an.
Tanabata est tellement inscrite dans l’identité de Sendai qu’on y trouvait déjà d’autres plaques où figuraient des manches à air décoratives (Fukinagashi, 吹き流し) qui sont accrochées à des tiges de bambou dans les rues et les galeries marchandes pendant cette fête. Ces manches à air décoratives se composent d’une boule – remplacée ici par une PokéBall – sous laquelle pendent des rubans en papier colorés. De plus le festival de Tanabata de Sendai (Sendai Tanaba-matsuri, 仙台七夕まつり) a quelque chose qui le rend encore plus unique au Japon.
Le calendrier luni-solaire
Le nom du festival renvoie directement à la 7ème nuit du 7ème mois. Ainsi, au Japon, ce festival est généralement organisé autour du 07 juillet. Néanmoins à Sendai, Tanabata est toujours organisé entre le 06 et le 08 août en raison du décalage entre l’actuel calendrier grégorien et l’ancien calendrier luni-solaire.
Vœux à Jirachi
L’association entre Jirachi et la fête de Tanabata s’explique aisément d’abord par la ressemblance et la relation de Jirachi avec les étoiles, ensuite par la tradition d’écrire un vœu sur une petite carte (tanzaku, 短冊) que l’on accroche sur les branches de bambou pendant ce festival. En effet, Jirachi est réputé pouvoir exaucer les vœux qu’on inscrit sur la carte qu’il porte au bout des trois pointes sur sa tête.
Prenons le temps de faire quelques vœux pour les habitants de Miyagi avant de reprendre notre quête.
06 – Tagajô
Directement à l’est de Sendai, la ville suivante est celle de Tagajô (Tagajô-shi, 多賀城市). Ici, nous trouvons une Poképlak assez simple, un Hypotrempe (Tattsû, タッツ, n°116) est posé sur le dos de Lokhlass qui tourne la tête pour le regarder. Les deux Pokémon sont représentés sur un fond composé d’ondulations bleues en deux tons. La scène se tient sous l’eau comme le suggèrent les quatre groupes bulles qui remontent depuis le ventre de Lokhlass et la trompe d’Hypotrempe.
Le nom japonais d’Hypotrempe vient d’un des nombreux noms vernaculaires pour désigner les hippocampes : Tatsu-otoshigo (タツノオトシゴ ), littéralemet “enfant illégitime du dragon”(竜の落とし子).
Cependant, ici, il ne semble pas y avoir de lien spécifique entre la ville de Tagajô et les hippocampes, ni même de dragon auquel Hypotrempe aurait pu faire référence.
Hypothèses sur Hypotrempe
Peut-être qu’Hypotrempe a été choisi uniquement parce que c’est un Pokémon de type eau et qu’il est mignon. Peut-être a-t-il été choisi en raison de la présence d’hippocampes dans la baie de Matsushima située à quelques kilomètres. Ou peut-être n’y a-t-il aucune raison particulière, toutefois voici quelques suppositions que je partage à défaut d’avoir trouvé mieux pour le moment.
La même syllabe initiale
On a déjà pu voir que le premier kanji ou la première syllabe du nom d’une ville est souvent utilisé pour créer le logo officiel. Par exemple, pour Tagajô (多賀城市), le logo de la ville est issu de la première syllabe (Ta, 多). Ainsi, le nom original de Hypotrempe aurait pu être une raison de le choisir lui plutôt qu’un autre Pokémon. Bien sûr, ce n’est pas le seul Pokémon dont le nom commence par “Ta”. Sur les 15 possibilités existantes à ce jour, il n’y a qu’Obalie (Tamazarashi, タマザラシ, n°363), Babimanta (Tamanta, タマンタ, n° 458) et Poulpaf (Tatakko, タタッコ, n° 852) qui sont aussi de type eau, mais Hypotrempe est le plus ancien des quatre puisqu’il fait partie de la première génération.
Un Pokémon familier et rassurant
Enfin, puisqu’un des objectifs dans le choix de Lokhlass en tant que Pokémon ambassadeur de Miyagi est entre autre de restaurer le lien entre la population locale et l’océan qui a ravagé la région le 11 mars 2011, le choix d’un Hypotrempe pourrait ne pas être si innocent. En effet, dans la série animée, Hypotrempe apparaît pour la première fois dans l’épisode 19 de la saison 1 : Tentacool et Tentacruel, diffusé le 5 août 1997 au Japon. Dans cet épisode, à cause de travaux qui menacent leur environnement et leur survie, des Tentacool ravagent une ville en provoquant un raz-de-marée. Hypotrempe tente de prévenir les héros et essaie de raisonner les Tentacool pour éviter qu’ils ne continuent de s’attaquer aux humains. Plus tard dans la série, on recroise Hypotrempe puisqu’il rejoint l’équipe d’Ondine.
Évidemment c’est aussi la somme de ces différentes raisons qui a pu motiver ce choix, dites-moi ce que vous en pensez en commentaire. Désormais, il est grand temps de passer à l’étape suivante.
07 – Shichigahama
Le nom de Shichigahama vient des sept (shichi, 七) plages (hama, 浜)de la péninsule où se trouvaient les villages côtiers qui ont fusionné pour créer le bourg actuel de Shichigahama (Shichigahama-machi, 七ヶ浜町).
Sur la PokéPlak de Shichigahama, ce n’est pas un mais quatre Pokémon qui nous observent depuis une plage. Néanmoins, ici, le Pokémon central est Métamorph (Metamon, メタモン, n°132). On en voit deux sur le bord de la plage et un troisième, dans l’eau, a pris la forme de Lokhlass sans réussir à reproduire correctement son visage. Enfin tout à gauche, on trouve Stari (Hitodeman, ヒトデマン, n°120), le Pokémon étoile de mer, mais il est difficile de déterminer s’il s’agit d’un vrai ou d’un quatrième Métamorph.
Les stars de la plages
Il y a assez peu d’éléments à développer ici. On peut effectivement trouver des étoiles de mer sur les plages de Shichigahama, ce qui pourrait expliquer la présence de Stari. Cependant, il ne semble pas y avoir de raison particulière justifiant la présence des Métamorph. On peut quand même souligner que dans l’ordre du Pokédex, Métamorph occupe la place juste après Lokhlass. De plus, ce sont deux Pokémon suffisamment populaires pour avoir leur propre comptine depuis octobre 2017.
La plage vue du ciel
En réalité, la particularité de ce design tient surtout dans le point de vue adopté. En effet, le point de vue zénithal contraste avec le point de vue habituel des autres plaques. Ici, nous survolons les Pokémon. Or à Shichigahama, vous avez justement la possibilité de vous envoler en parapente pour admirer la baie de Matsushima. Cette plaque illustrerait donc cette activité en nous faisant adopter une position aérienne.
Nous allons maintenant nous envoler pour traverser la mer afin d’atteindre la ville de Shiogama.
08 – Shiogama
Sur le dos de Lokhlass, un Posipi (Purasuru, プラスル, n°311), reconnaissable à ses longues oreilles rouge et sa queue en forme de + (plus), exprime sa joie avec un grand sourire et en levant les bras en l’air. L’arrière-plan est occupé par la répétition d’un empilement de trois formes géométriques (triangle, rond et rectangle) qui forment seize rayons dont quatre sont totalement cachés par les Pokémon.
D’après sa description dans le Pokédex, Posipi est un Pokémon au naturel joyeux qui encourage les membres de son équipe. On peut donc y voir encore une fois un choix motivé par le souhait d’apporter du soutien à la population à travers ce Pokémon.
Brochettes et pot au feu
Les empilements géométriques sont plus intéressants car ils représentent des brochettes d’oden (oden-kushi, おでん串). L’oden existe depuis au moins cinq cent ans et même s’il consiste en un pot au feu, il n’était pas rare que les ingrédients soient cuits enfilés sur des piques en bambou.
Les brochettes n’ont pas été inventées récemment et elles ne sont pas directement associées à la ville de Shiogama car l’enfilement de ces trois formes géométriques a été popularisé par les manga de Fujio Akatsuka (赤塚・不二雄, 1935-2008) : Osomatsu-kun (おそ松くん) et Chibita-kun (チビ太くん), deux séries comiques des années 1960.
Par la suite, en 2010, l’emoticon de l’oden est créé en prenant la forme des oden-kushi du personnage de Chibita : au bout de la brochette, un triangle de konnyaku en gris, un palet ou une boule de ganmodoki au milieu et enfin un narutomaki représenté sous la forme d’un simple rectangle blanc.
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La spécialité de Shiogama
Ici, certaines couleurs sont différentes et les trois préparations peuvent donc être :
- (triangle) du hanpen (はんぺん) ;
- (rond) un palais de satsuma-age (さつま揚げ) ;
- (rectangle) un tube de chikuwabu (竹輪麩).
Toutefois, les combinaisons sont multiples, le rond peut donc aussi être un palais de daikon ou un œuf par exemple. Sur cette plaque, les brochettes d’oden symbolisent tout simplement la spécialité de Shiogama : les kamaboko et autres surimi (Gyôniku-neri-seihin, 魚肉練り製品) qu’on retrouve dans l’oden. Les kamaboko fabriqués à Shiogama en font sa renommée car ils sont reconnus n°1 du Japon pour leur qualité et leur goût !
09 – Rifu
A proximité de Shiogama se trouve le bourg de Rifu (Rifu-machi, 利府町). Le design de la PokéPlak qui s’y trouve est conçu en symétrie par rapport à celle de Shiogama. Lokhlass regarde vers la gauche et le Pokémon sur son dos n’est autre que Négapi (Mainan, マイナン, n°312) dont la charge électrique est opposée à celle de Posipi avec lequel il fait souvent équipe.
Esprit d’équipe et ondes positives
Négapi et Posipi ont un rôle relativement important dans le 7ème film Pokémon (Pokémon : La destinée de Deoxys), sorti en 2004 au Japon. Bien qu’ils vont généralement de paire, en dehors de la proximité géographique de Shiogama et Rifu, il ne semble pas y avoir d’autre raison particulière pour laquelle ces deux Pokémon ont été choisis ici.
Comme pour la plaque précédente avec Posipi, l’arrière-plan met en valeur une spécialité culinaire. Ici, ce sont des nashi (梨), aussi appelées poires japonaises. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des fruits entre les pommes pour la forme et les poires pour le goût, dont la peau est parsemée de petits points. Les petites fleurs blanches à cinq pétales quant à elles, sont celles qui donnent ce fruit et sont la fleur emblématique du bourg de Rifu.
L’audace porte ses fruits
La culture des nashi a marqué un tournant décisif dans l’histoire de Rifu, c’est la raison pour laquelle ce fruit est si important ici.
En 1884, un certain Tôkichi Hino (日野・藤吉, 1849-1925) prend conscience du potentiel de ces arbres fruitiers dont la culture pourraient compenser les faibles récoltes de riz. Il prend alors le risque de planter 150 arbres fruitiers. Cela ne résout pas pour autant le problème car ce n’est qu’après plusieurs années qu’ils commencent à donner des fruits. Les récoltes abondantes font alors la richesse de Rifu.
Toutefois, en terme de production de nashi dans le département de Miyagi, même si le bourg de Rifu se place en deuxième position, il est loin derrière le bourg de Zaô (蔵王町). De même, au niveau national, Zaô arrive aisément dans le top 50, tandis qu’en moyenne Rifu arrive au mieux dans le top 100. En effet, les trois principaux départements producteurs de nashi sont Chiba, Ibaraki et Tochigi.
Depuis, plus d’un siècle, la culture des nashi est devenue la source principales de revenus pour Rifu. La production locale dépasse largement celle de tous les autres fruits et légumes cultivés ici.
C’est la raison pour laquelle ce fruit est si important pour la survie de Rifu. Pour savourer ces fruits, c’est en septembre et octobre qu’il faut visiter Rifu ! C’est aussi à cette période que la fête des nashi de Rifu (Rifu-nashi-matsuri, 利府梨まつり) est organisée.
10 – Matsushima
Nous voici enfin arrivés à Matsushima (Matsushima-machi, 松島町), plus précisément dans le parc qui borde la baie de Matsushima. Cette fois l’élément central est un pont qui traverse la moitié inférieure de la plaque. Sous ce pont, une grande étendue bleue parsemée de tirets horizontaux représente une mer calme qui s’étend jusqu’au ciel qui a pris une teinte orangée dans la moitié supérieure. Sur la ligne d’horizon on remarque deux silhouettes noires : deux Lokhlass tournés vers la gauche. Peut-être s’agit-il de ceux que nous avons croisés à Natori…
Les ponts vermillons de Matsushima
Le dessin sur cette PokéPlak ne nous donne pas beaucoup d’indices à propos du pont qui y figure. A Matsushima, il y a trois ponts qui pourraient peut-être correspondre.
Le pont des rencontres
Il pourrait s’agir du pont Fukuura (Fukuurabashi, 福浦橋). Celui qui mène à l’île dont il porte le nom (Fukuurajima, 福浦島) et qui est la plus grosse île de cet archipel d’environ 260 îles. Ce pont est surnommé “le pont des rencontres” (Deaihashi, 出会い橋) car on y ferait de belles rencontres. Des rencontres vous aurez le temps d’en faire, car avec 252 mètres de longueur, ce pont est le plus long de la baie depuis son inauguration en 1967. Cependant sur la plaque, les deux masses de végétation à droite et à gauche laissent penser que le pont dessiné est assez court.
Le pont des ruptures
Ce pourrait donc être un autre pont plus court. Par exemple, le pont Togetsu (Togetsukyô, 渡月橋) qui permet d’accéder à l’île d’Oshima (Oshima, 雄島). Une île un peu plus petite mais où se trouve le temple Osu-Shinju-Inari (Osu-Shinju-Inari-Daimyôjin, 御嶋真珠稲荷大明神). Surnommé “le pont des ruptures” (En’kirihashi, 縁切り橋 ; Wakarebashi, 分かれ橋), ce pont inquiète souvent les couples mais il s’agirait en réalité de rupture avec de mauvaises habitudes ou d’anciens liens avec des personnes qu’on ne souhaite plus voir. Il n’y aurait donc pas de quoi s’inquiéter. Ce pont a été reconstruit en 2013 car il avait été détruit par le grand tsunami deux ans plus tôt, cependant les poteaux sont bien moins saillants que sur l’image.
Le pont des unions
Ce troisième pont, est en fait constitué de deux segments qui relient deux îlots dont celui où se trouve le temple Godaidô (五大堂) et un superbe point de vue sur la baie de Matsushima. Il est surnommé “le pont ajouré” (sukashi-bashi, すかし橋) en raison de l’écartement des traverses qui laisse voir la mer qui passe sous le pont. La tradition populaire veut que les couples le traversent en toute confiance sans se soucier des trous. C’est pour celà qu’il est aussi appelé “pont des unions” (En’musubi-no-hashi, 縁結びの橋)
Il se rapprocherait de l’image par sa forme arquée et la courte distance qu’il relie. Cependant dans ce cas la mer n’irait pas jusqu’à l’horizon.
La baie de Matsushima
Pour conclure, il ne semble pas y avoir de correspondance exacte entre la réalité et la scène sur cette plaque. Plutôt qu’un pont en particulier, ce design mettrait donc à l’honneur la baie de Matsushima qui a souffert du tsunami du 11 mars 2011, mais dont la beauté a perduré, lui permettant de toujours faire partie des trois vues les plus célèbres du Japon (Nihon-sankei, 日本三景). De plus, le couple de Lokhlass pourrait évoquer les croyances associées aux trois ponts de Matsushima.
11 – Higashimatsushima
Sur cette plaque, la mer est un peu plus agitée comme l’illustrent les grandes ondulations sur lesquelles flotte Lokhlass. Cette fois, il n’y a pas de passager sur sa carapace, mais Latios (Latiosu, ラティオス, n°381) vole dans un ciel bleu au milieu de grands nuages. La scène est paisible et les deux Pokémon semblent communiquer par le regard.
Grâce à une autre plaque de regard de chaussée de cette ville, le choix de Latios apparaît évident.
L’impulsion bleue
Ce Pokémon forme un couple avec Latias (Latiasu, ラティアス, n°380) que nous croiserons dans le prochain article. Latios, le mâle, est bleu tandis que Latias, la femelle, est rouge. Tous deux sont largement inspirés des avions à réaction. C’est précisément pour ces deux raisons que Latios a été choisi ici.
En effet, Latios évoque ici les Blue Impulse (Burû Inparusu, ブルーインパルス), l’escadron de voltige aérienne basé ici, sur la base aérienne de Matsushima.
Comme leur nom l’indique, très tôt les appareils des Blue Impulse ont adopté leur couleur bleue. Les tons et les motifs ont varié en fonction du modèle d’avion, mais depuis 1995, les appareils sont bleus et blancs. Dans l’ensemble, le dos est blanc avec des triangles bleus sur les ailes, tandis qu’à l’inverse le ventre est bleu avec des triangles blancs.
Officiellement créé en 1960, cet escadron de la Force aérienne d’autodéfense japonaise a participé à de nombreux événements dont les Jeux olympiques de Tokyo 1964, les Expositions universelles d’Osaka en 1970 et 1990 ou encore les Jeux olympiques d’hiver de Nagano en 1998.
Retour à la base
La base aérienne a été inondée et endommagée par le tsunami du 11 mars 2011, mais fort heureusement pour les Blue Impulse, leur escadron avait été envoyé à Fukuoka pour la cérémonie d’inauguration du segment nord du train à grande vitesse de Kyûshû, initialement prévue le 12 mars 2011. En raison des travaux de réparations, ce n’est qu’en 2013, que les avions ont pu revenir à Higashimatsushima.
Pour l’anecdote : l’année suivant l’installation de cette PokéPlak, l’escadron a de nouveau tracé les anneaux olympiques dans le ciel pour célébrer l’arrivée de la flamme dans le pays, lors de son atterrissage exceptionnel sur la base aérienne de Matsushima, en mars 2020.
12 – Ishinomaki
Amoureux des chats, la PokéPlak d’Ishinomaki (Ishinomaki-shi ,石巻市) vous est destinée. Au premier plan, Flamiaou (Nyabî, ニャビー, n°725) au centre, Chaglam (Nyarumâ, ニャルマー, n°431) à droite et Skitty (Eneko, エネコ, n°300) à gauche viennent vous accueillir. A l’arrière plan, nous retrouvons Lokhlass transportant sur son dos un quatrième Pokémon chat, Miaouss (Nyâsu, ニャース, n°052).
Ce n’est pas à Ishinomaki que vous trouverez tous ces chats mais c’est de cette ville que part le ferry pour Tashiro-jima (田代島), une des « îles aux chats » qu’on trouve au Japon. Il vous faudra environ 50 minutes en ferry pour atteindre cette île où le nombre de félins dépasse largement celui des quelques rares habitants qui y vivent encore.
13 – Onagawa
Le bourg d’Onagawa (Onagawa-machi, 女川町), Lokhlass chante de tout son cœur entouré de trois Goélise (Kyamome, キャモメ, n°278). La scène se déroule sur fond d’un couché de soleil orangé qui teinte la mer de la même couleur chaude.
A travers ce Pokémon, l’oiseau marin qui est mis à l’honneur est le goéland à queue noir (Umineko, ウミネコ) [Larus crassirostris]. Il s’agit de l’oiseau emblématique d’Onagawa qu’on retrouve déjà sur une autre plaque de regard de chaussée. C’est aussi cet oiseau qui a inspiré la mascotte Seapal-chan (Shîparu-chan, シーパルちゃん), un goéland à queue noire qui serait né le 27 décembre 1990 sur l’île Ashi (Ashi-jima, 足島). Située à une quinzaine de kilomètres à l’est d’Onagawa, cette île est un lieu de nidification enregistré comme monument naturel.
A présent, remettons le cap au nord pour la prochaine étape.
14 – Minamisanriku
Pour la deuxième fois, Lokhlass est représenté nageant sous la surface de l’océan. Ici, il a rencontré un couple d’Octillery (Okutan, オクタン, n°224). Ce Pokémon fait évidemment référence aux pieuvres communes (Madako, マダコ) [octopus vulgaris] qu’on trouve dans la baie de Shizugawa (志津川湾) au bord de laquelle le bourg de Minamisanriku (Minamisanriku-machi, 南三陸町) s’est développé.
Évidemment, ces pieuvres sont une spécialité culinaire locale et à ce titre elles ont été désignées comme l’animal sous-marin symbole de Minamisanriku.
Le poulpe porte-bonheur
Néanmoins, depuis 2012, les poulpes incarnent aussi un espoir de rétablissement grâce à l’association “des poulpes du rétablissement de Minamisanriku” (Minamisanriku-fukkô-dako-no-kai, 南三陸復興ダコの会). Sa mission est de recréer des emplois, collecter des fonds pour la reconstruction de la région et redonner le moral à ses habitants. La mascotte de l’association, Octopus-kun (Okutopasu-kun, オクトパス君), est un jeune poulpe rouge portant une corde blanche nouée autour de la tête.
Officiellement, il est né le 08 octobre 2009 à Minamisanriku dans la baie de Shizugawa. Puis en 2011, le tsunami l’a emporté et c’est ainsi qu’il est arrivé à Iriya (入谷) où il vit maintenant. C’est ici que l’association fabrique notamment des porte-bonheur (trop mignons) à l’effigie d’Octopus-kun.
Le plus populaire est un petit presse papier à poser sur son bureau pour réussir ses examens selon un jeu de mots mêlant japonais et anglais : “okutopasu” (置くとパス) pouvant se traduire par “poser et réussir” ou “si tu poses, tu réussiras”.
15 – Kesennuma
Dernière plaque de cet article, celle de la ville de Kesennuma (Kesennuma-shi, 気仙沼市) qui se situe tout au nord du département de Miyagi. La composition rappelle la première plaque que nous avons vu au début de cet article, à Yamamoto, mais cette fois Lokhlass est à gauche. On peut également y voir, au choix, un lever ou un coucher de soleil sur la mer.
C’est un passage de relai entre Lokhlass et Racaillou qui est le Pokémon ambassadeur du département voisin dont nous parlerons dans un prochain article.
Le reste de Miyagi
Comme toutes les villes qui se situent sur la bordure côtière de Miyagi, Kesennuma a souffert du séisme et du tsunami de 2011 auxquels se sont ajoutés des incendies et des affaissements de terrain.
Kesennuma est la dernière ville sur la côte avant d’arriver dans le département d’Iwate. Néanmoins, nous n’avons pas fini d’explorer le département de Miyagi, car entre le 29 octobre et le 1er novembre 2020, pas moins de 20 nouvelles plaques ont été installées. Je vous propose donc de les découvrir dans le prochain article !
Sources et ressources
Photos : auteurs mentionnés sous chaque photo
- Site officiel Pokémon Loacl Acts, présentation de Lokhlass
- Concernant les motifs de vagues
- Motifs de vagues en japonais
- Blog sur Watari
- Définition eau saumâtre
- Présentation du lac Tori no umi
- Les autres plaques d’Iwanuma
- Les oeillets de Natori
- Production nationale d’oeillets
- Les décorations de Tanabata
- La fête de Tanabata à Sendai
- Les galeries marchandes de Sendai
- Les calendriers au Japon :
Jean Bazantay, Sylvie Yamazaki-Dubois. Mesurer le temps au Japon Le calendrier luni-solaire expliqué à l’aide de quelques notions astronomiques. Cipango – Cahiers d’études japonaises, Presses de l’Inalco,2014, Nouveaux regards sur les arts de la scène japonais, pp.385-416. hal-02343391 - Résumé de l’épisode 019 avec Hypotrempe
- Liste des Pokémon classé dans l’ordre du syllabaire japonais
- Nom de l’hippocampe en japonais
- Hippocampe trouvé dans le baie de Matsushima
- Présentation de Shichigahama
- La couleur plutôt violette que rose de Métamorph dans les épisodes récents
- Les kamaboko de Shiogama, n°1 au Japon
- Explications de l’emoji créé en 2010 : Oden
- Le mangaka Fujio Akatsuka
- Campagne marketing, en 2016, “Chibita-no-oden” par Circle K et Sunkus
- Ce qu’on trouve dans l’oden :
Ganmodoki
Konnyakku
Narutomaki
Hanpen
Satsuma-age
Chikuwabu - Histoire de l’oden
- Les nashi
- Production de nashi
- Classement nationale des villes productrices de nashi
- A propos de Tôkichi Hino
- Présentation touristique de Rifu
- Le pont de Fukuura
- L’ile d’Oshima
- Les trois vues les plus célèbres du Japon
(même page en japonais) - Histoire de Matsushima
- Ordre conseillé pour visiter les trois ponts de Matsushima
- Article de blog autourdes ponts de Matsushima
autre article - Le temple Godaidô (mémo : y aller en 2039 😉 )
- Article de Vivre le Japon sur Matsushima
- Les autres plaques de Higashimatsushima
- L’escadron des Blue Impulse (article en japonais) et (artcile en englais)
- La base aérienne de Matsushima
- Site officiel des Blue Impulse
- La carte manhole d’Onagawa
- Les autres plaques d’Onagawa
- Page officielle de Seapal-chan (présentation sur Wikipédia en japonais)
- Les symboles de Minamisanriku
- Le madako
- Octopus-kun
- YES Factory
- La ville de Kesennuma
- Les autres plaques de Kesennuma