Comme l’indique le nom en lettre capitale sur cette première plaque, nous voici à Yokohama, au sud de Tôkyô. En 2019, Yokohama a fêté les 160 ans de sa réouverture aux navires étrangers mais au programme de cet article je vous propose de découvrir deux constructions du XXème siècle qui font partie de l’identité moderne de cette ville portuaire.
Un pont à l’horizon
En dehors du nom de la ville rien d’autre n’est écrit sur cette plaque de regard de chaussée, difficile donc de dire précisément à quel réseau sous-terrain elle permet l’accès. Commençons sa description.
L’élément central de cette première plaque est un pont reconnaissable à ses deux pylônes à mats entretoisés. Il s’agit évidemment du pont de la baie de Yokohama (横浜ベイブリッジ, Yokohama Bei Buridji). Celui-ci a été ouvert à la circulation en 1989 pour désengorger les rues de la ville.
Le Yokohama Bay Bridge est un pont haubané en semi-harpe, c’est à dire avec des haubans quasi-parallèles et non pas rayonnants. Sur cette plaque, le nombre de haubans partant de chaque mat a été réduit. Dans la réalité, ce ne sont pas 3 ou 4 câbles mais 11 qui connectent le tablier du pont aux pylônes. Avec une portée de 460 m par pylône, en tant que pont haubané en semi-harpe ce pont se place en 8ème position nationale mais il était en 1ère position l’année de son inauguration.
Pour conclure la description de cette plaque, on aperçoit des nuages et deux groupes d’oiseaux volant deux par deux au dessus du pont. Sous le pont, des silhouettes de bâtiments se dessinent au dessus de l’horizon. Enfin, cette scène est contenue dans une roue à douze rayon rappelant la barre d’un navire, ce qui n’est pas si étonnant pour une ville portuaire.
Pas de port sans bateaux
A propos de navire, sur d’autres plaques de la ville de Yokohama on peut voir un grand voilier voguant sur les flots.
Les trois caractères inscrits sur sa coque « 丸本日 » se lisent de la droite vers la gauche : Nippon Maru (日本丸, Nippon Maru). Ce navire existe bel et bien mais il ne vogue plus depuis une trentaine d’année. Fabriqué à Kobe, ce navire a été inauguré en 1930 pour servir de bateau école à la marine marchande japonaise. Pourquoi est-il représenté sur les plaques de Yokohama ?
C’est tout simplement parce qu’en septembre 1984, le Nippon Maru y a pris sa retraite. Depuis cette année, il poursuit sa mission éducative en tant que « musée flottant » amarré au pied de l’élégante Landmark Tower du fameux quartier d’affaires Minato Mirai 21 qui a été bâti dans la même décennie.
Un voilier peut en cacher bien d’autres
Le Nippon Maru n’est évidemment pas le seul quatre-mâts barque au Japon. D’abord il y a son navire-jumeau, le Roi des mers (Kaiô Maru, 海王丸 ), construit en même temps. Ensuite il y a bien un navire arborant le même nom sur sa coque qui continue de naviguer. Il s’agit du Nippon Maru (2ème génération). En effet, quand son prédécesseur a été mis à la retraite (1984), le Nippon Maru II a immédiatement pris la relève. Son navire-jumeau, le Roi des mers II a quant à lui été inauguré un peu plus tard en 1989.
Le navire représenté sur cette plaque pourrait donc être soit le premier soit le deuxième Nippon Maru car il sont tous les deux liés à Yokohama. Le premier comme nous l’avons vu y a jeté l’ancre tandis que le second est un des navires d’entrainement de l’Agence japonaise pour l’éducation et la formation maritimes des gens de mer (JMETS) basée à Yokohama.
Mais en regardant attentivement vous verrez que la proue du voilier sur la plaque correspond à celle du premier Nippon Maru.
Nous avons trouvé ce qui figurait sur cette plaque mais à quoi sert-elle ? La partie touristique est finie, revenons un peu sur la terre ferme.
Quelques détails supplémentaires sur la plaque
Le losange, en bas de la plaque est le logo de la ville de Yokohama. Il s’agit d’un jeu graphique avec les katakana Ha (ハ) et Ma (マ). La deuxième moitié du nom de Yokohama (横浜) , coïncidant parfaitement avec l’identité de la ville portuaire : « hama » signifiant « port ». En 2009, ce logo a été choisi à l’occasion de la célébration des 150 ans de l’ouverture du port de Yokohama en 1859.
L’anneau extérieur de cette plaque présente le nom de la ville en capitale mais également la mention soft seal valve (ソフトシール弁, sofuto shîru ben) qui indique que sous cette plaque se trouve une valve à joint souple (par ici pour voir comment fonctionne ces valves). En haut de la plaque, en partie caché par un scellé, on aperçois le logo de la compagnie des eaux de Yokohama représentant une fontaine sur fond bleu, ce qui permet d’attribuer cette plaque au services des eaux de la ville sans pour autant savoir quel type d’eau circule en dessous. Toutefois, la présence d’une valve à joint souple laisse penser qu’il s’agirait plutôt d’eaux usées, car une vanne standard suffirait pour un réseau d’eau potable.
Pour aller plus loin
Pour ceux qui souhaiteraient comparer les deux navires-jumeaux, sachez que vous pouvez visiter le premier Kaiô-Maru !
Celui-ci n’est exposé qu’à environ 400 km du Nippon-Maru, dans le port d’Imizu. Je vous mets l’itinéraire ci-dessous :
Sources et ressources
Photos : Perce-image
Vidéo : whitewing681 [Travel Aviation Railway]
- A propos de Yokohama
- A propos des ponts
- Dénomination des gréements
- Les quatre-mâts barque
- Le Nippon Maru
(en japonais) - L’agence d’entrainement des gens de mer
- Navire d’entrainement de la marine japonaise
- Le Nippon Maru 2
- Pour voir comment fonctionne une vanne à joint souple
- Le logo de Yokohama
- Toujours à propos du logo de Yokohama
- Le Kaiwo maru Park
Merci pour tout ces détails. Je sens que je vais ouvre assidûment ton blog car tes articles sur les plaques d’égouts et l’histoire qu’elles racontent sont vraiment intéressants !
Encore merci. Je vais m’appliquer pour en écrire plus régulièrement cette année ! Si vous avez des suggestions ou si vous croisez une plaque en vous demandant ce que c’est, n’hésitez pas à me contacter ! Je verrai si je peux l’intégrer dans un article ou une série d’articles 😉