Machida, à l’origine des Pokémon

Il y a 25 ans, le 27 février 1996, la musique des jeux Pokémon Vert et Rouge retentissait sur Game Boy pour la première fois au Japon.

Écran et musique de démarrage de Pokémon Version Verte sur Game Boy

Dans le cadre d’une campagne de promotion de la ville de Machida, six PokéPlak ont été installées dans le Parc Serigaya, le 21 août 2020. Bien qu’elles reprennent exactement les caractéristiques des plaques de regard de chaussée, ces plaques sont uniquement ornementales et ne permettent pas d’accéder à un réseau souterrain. Cependant ce qui nous intéresse le plus ce n’est pas tant ce qui est en dessous mais ce qui est représenté dessus.

Sur chacune de ces plaques on retrouve le nom en katakana du ou des Pokémon qui y apparaissent et le nom de la ville en hiragana : Machida (まちだ). Voyons ce que ces six PokéPlak ont à nous raconter.

Sommaire

Présentation et installation des six plaques du Parc Serigaya de Machida

Machida et Bourg Palette, entre réalité et fiction

Les parallèles entre le monde réel et celui des Pokémon, tout comme les inspirations de Satoshi Tajiri (田尻 智), créateur des Pokémon, ont déjà été largement présentés et je ne saurai trop vous conseiller de regarder les chroniques de Lapindicite et les vidéos de Trxns que vous connaissez probablement déjà.

Machida et Satoshi Tajiri

La ville de Machida est idéalement située à 30 minutes en train de Shibuya et de Yokohama, ce bourg de la banlieue de Tôkyô a connu un accroissement démographique important à partir des années 1960. Sa population est notamment passée de 66 200 à 357 300 habitants entre 1960 et 1995. Satoshi Tajiri est né le 28 août 1965 dans l’arrondissement de Setagaya. C’est un peu plus à l’ouest, ici à Machida, qu’il a grandi en plein pendant cette période d’explosion démographique et d’urbanisation de la campagne.

Le Parc Serigaya

Le Parc Serigaya est relativement récent. Bien que son projet d’origine remonte à 1961, c’est en 1982 qu’il ouvre ses portes au public. Par la suite, il s’est agrandi pour passer d’une superficie d’environ 4 ha à près du triple aujourd’hui. La forme de ce parc suit un cours d’eau qui s’écoule en direction du sud-est et qui prend sa source dans la première partie du parc, au nord-ouest.

Parc Serigaya à Machida

Maintenant que le cadre est posé, observons nos six plaques de plus près !

Graines de dresseurs

n°1 : Bulbizarre

En arrivant par l’entrée nord du parc, le premier Pokémon sur notre chemin n’est autre que Bulbizarre (Fushigidane, フシギダネ dans la version originale japonaise) le tout premier Pokémon de la première génération. Étant de type plante, un cercle de couleur verte entoure l’image.

PokéPlak avec Bulbizarre et les jambes d'une dresseuse
Bulbizarre – Photo courtesy of @sattooza_manhole

Bien qu’on ne voit que les jambes d’une dresseuse derrière ce Pokémon, on peut facilement reconnaître Leaf grâce à sa jupe rouge, ses chaussettes bleues et ses chaussures rouges et blanches. Leaf (Rîfu, リーフ) est l’héroïne féminine qu’on peut choisir dans les remakes des jeux d’origines : Rouge Feu et Vert Feuille sortis en 2004.

n°4 : Salamèche

Un peu plus loin, sur notre chemin nous rencontrons le deuxième Pokémon de départ : Salamèche (Hitokage, ヒトカゲ). Reflétant son type feu, le cercle qui entoure la plaque est de couleur rouge-orange.

PokéPlak avec Salamèche et les jambe d'un dresseur
Salamèche – Photo courtesy of @sattooza_manhole

Là aussi, nous ne voyons qu’une paire de jambes qui marchent derrière le Pokémon. Toutefois, le bas d’une veste rouge ouverte avec un bord-côte blanc, ce pantalon bleu et ces baskets blanches et rouge permettent de reconnaître Red (レッド), le héros des premiers jeux Pokémon. Lui-aussi originaire de Bourg Palette (Masara-town) dont l’équivalent dans la réalité pourrait être Machida.

n°7 : Carapuce

Cette troisième plaque n’est pas à proximité des deux précédentes. Néanmoins, Carapuce (Zenigame, ゼニガメ) est le premier Pokémon que l’on peut croiser si on rentre dans le parc par le sud. Il complète le trio de départ de la première génération de Pokémon. Ce Pokémon est de type eau, c’est la raison pour laquelle le cercle qui l’entoure est bleu et c’est aussi pour cela que cette plaque est disposée à proximité d’une fontaine.

PokéPlak avec Carapuce et les jambes d'un dresseur
Carapuce – Photo courtesy of @sattooza_manhole

Sur cette plaque, ce n’est pas Blue (burû, ブルー) l’antagoniste de Red et Leaf que nous retrouvons mais le Red des remakes de 2004. Il est reconnaissable à sa veste rouge avec un bord-côte noir et une fermeture éclair blanche, ainsi qu’à son pantalon bleu et ses baskets rouges et noires. On aperçoit également les bracelets noirs que ce nouveau Red porte aux poignets.

Ces choix peuvent s’expliquer d’abord par l’association entre le type du Pokémon et le nom du dresseur mais aussi par la chronologie de sortie des jeux. Red est d’abord représenté sur la plaque rouge avec un Pokémon feu, Leaf est quant à elle sur la plaque verte avec un Pokémon plante. Enfin sur la plaque bleue, ce n’est pas Blue mais le nouveau Red que l’on retrouve. Ainsi les dresseurs ayant connu les premiers jeux (1ère génération, 1996) ou uniquement leur remakes (3ème génération, 2004) retrouvent l’avatar qu’ils ont incarné dans leur première aventure.

Les trois autres plaques présentent d’autres Pokémon de la première génération.

Les Pokémon sauvages du Parc Serigaya

n°10, 13 et 43 : Chenipan, Aspicot et Mystherbe

En partant de Bourg Palette, le jeune dresseur traverse la ville de Jadielle et arrive ensuite dans la forêt de Jade (Tokiwa no mori, トキワのもり). Même si on y croise bel et bien des Chenipan (Kyatapii, キャタピー) et des Aspicot (Biidoru, ビードル) dès les premiers jeux, ce n’est que dans Pokémon Let’s Go Pikachu, sorti en 2018 sur Nintendo Switch, que l’on y croise des Mystherbe (Nazonokusa, ナゾノクサ).

PokéPlak avec Aspicot, Mystherbe et Chenipan caché derrière un arbre
Aspicot, Mystherbe et Chenipan – Photo courtesy of @sattooza_manhole

Sur cette plaque, on peut voir une évocation de la Forêt de Jade avec ces Pokémon insecte et plante qui se cachent ici derrière un arbre. Toutefois, les cerisiers en fleur qui forment un bandeau rose à l’arrière-plan nous renvoient directement aux cerisiers du Parc Serigaya.

n°16, 19 et 25 : Roucool, Rattata et Pikachu

La Forêt de Jade se trouve sur la Route 2 qui relie la ville de Jadielle à celle d’Argenta, plus au nord. Sur cette route les deux Pokémon les plus communs sont les Roucool (Poppo, ポッポ) et les Rattata (Koratta, コラッタ) mais en dehors de la Forêt de Jade il n’y a pas de Pikachu sur cette route. De plus, Pikachu demeure un Pokémon assez rare à croiser avec un taux d’apparition de 5%. Ce qui explique son apparition furtive sur cette plaque où on ne voit que la queue en éclair de ce Pokémon.

PokéPlak avec Rattata, Roucool et un Pikachu qui s'enfuie
Roucool, Rattata et un Pikachu qui s’enfuie – Photo courtesy of @sattooza_manhole

A l’arrière-plan, l’intrigante structure est en réalité la fontaine de « la place eau et arc-en-ciel » (Niji to mizu no hiroba, 虹と水の広場), installée dans le parc en 1989. Intitulée Chôkoku-funsui Seesaw (彫刻噴水・シーソー), cette sculpture-fontaine à bascule appartient aux œuvres cinétiques du sculpteur international Iida Yoshikuni (飯田 善国, 1923-2006).

Construite en acier inoxydable pour que sa surface reflète son environnement, cette fontaine est mue par les forces naturelles. Elle est représentée sur cette plaque car c’est une sculpture emblématique du parc Serigaya et car c’est à quelques mètres d’elle que cette plaque et celle de Carapuce ont été disposées.

n°60 : Ptitard

Contrairement aux Pokémon précédents, Ptitard (Nyoromo, ニョロモ) ne se trouve ni dans la Forêt de Jade ni ailleurs sur la Route 2.

PokéPlak avec deux Ptitard dans l'eau
Ptitard – Photo courtesy of @sattooza_manhole

En réalité, il y a une référence directe au Parc mais aussi au créateur des Pokémon : Satoshi Tajiri. En effet, Ptitard est le Pokémon préféré de Tajiri, car pour lui il incarne la surprise ressentie dans son enfance quand il a découvert des têtards dont le corps semi-translucide laissait voir un petit tourbillon dans leur ventre.

Vidéo sur Satoshi Tajiri réalisée par Trxns,
contenant un extrait de l’interview de Satoshi Tajiri pour Game Center CX

Par ailleurs, la présence de ce Pokémon se justifie également par celle du cours d’eau que les visiteurs peuvent observer pendant l’année et qui alimente le bassin à proximité de cette plaque. Les fleurs de glycine et les iris évoquent les fleurs que l’on retrouve en amont du cours d’eau, dans la partie nord du parc.

En route vers le nord

Nous avons vu que les six PokéPlak du Parc Serigaya peuvent être regroupées en deux triptyques qui suivent globalement l’ordre des Pokémon. D’un côté, les trois premiers Pokémon de départ Bulbizarre, Salamèche et Carapuce avec les dresseurs des premiers jeux et de leur remake. De l’autre côté, des Pokémon qu’on pourrait observer dans ce parc : des plantes, des insectes, de petits mammifères, des oiseaux et des têtards. Ce sont principalement les premiers Pokémon que les jeunes dresseurs croisent dans les jeux qui démarrent dans la région de Kanto.

Il est temps de reprendre la route. Comme Red et Leaf, pour notre prochaine étape, nous allons continuer vers le nord. Il parait que des dresseurs ont vu un Pokémon qui porterait chance !

Sources et ressources

Photos : @sattooza_manhole

Partager l'article :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.