Tout comme Lokhlass avait été choisi pour être le Pokémon ambassadeur de Miyagi, et Leveinard celui de Fukushima, ici c’est Racaillou qui nous accompagnera dans notre découverte d’une partie du département d’Iwate.
Souvenir et reconstruction
Les PokéPlak d’Iwate font partie du projet initial de revitalisation des départements touchés par le raz de marée de mars 2011. C’est pour cette raison que les 13 plaques, installées entre juillet et septembre 2019, dont nous allons parler dans cet article, se situent toutes dans des localités côtières du département d’Iwate. C’est aussi pour cela que certaines d’entre elles contiennent des éléments qui témoignent de cette catastrophe.
Puisque nous venons de traverser le département de Miyagi, nous poursuivrons notre exploration à partir du sud d’Iwate.
Sommaire
01 – Rikuzentakata
Tout au sud de la côte d’Iwate, nous commençons par la PokéPlak de la ville de Rikuzentakata (Rikuzentakata-shi, 陸前高田市). On y voit Rocabot (Iwanko, イワンコ, n°744), un Pokémon de type Roche, devant la mer. Derrière sa tête, la silhouette d’un grand arbre se découpe en noir sur une bande de nuages moutonnant le long de l’horizon.
Le pin solitaire
Unique survivant parmi les 70 000 pins qui formaient la forêt de Takata-matsubara (高田松原), le pin représenté ici, haut de 27 mètre et vieux de 173 ans, est le seul à avoir résisté au déferlement des flots. Baptisé le pin des miracles ou miraculeux pin solitaire (Kiseki-no-Ipponmatsu, 奇跡の一本松), il est alors devenu un symbole de résilience face au tsunami de 2011.
Symbole d’espoir immortel
Malheureusement, l’année suivant le raz de marée, des experts ont constaté que l’arbre était condamné. En effet, l’eau de mer avait provoqué la putréfaction de ses racines. Afin de conserver ce symbole d’espoir pour les générations futures, un projet de conservation (Kiseki-no-ipponmatsu-hozon-purojekuto, 奇跡の一本松保存プロジェクト) a rapidement pu être mis en place.
L’arbre devenu sculpture
C’est ainsi que les 12 et 13 septembre 2012, le pin a été méticuleusement démantelé et abattu. Les portions de son tronc ont été évidées pour recevoir un traitement et pouvoir être remises en place. Les branches et les aiguilles ont été remplacées par des répliques synthétiques et ses racines ont été traitées et remplacées par un solide socle en béton pour permettre à la nouvelle structure autoportante de tenir droit. Le nouveau pin, composé d’écorce, de résine polymère et d’acier a ainsi été inauguré le 03 juillet 2013.
Les chiens sauveteurs
Il est possible que Rocabot fasse référence à l’association japonaise des chiens de sauvetage (Nihon-Kyûjoken-kyôkai, 日本救助犬協会). Au total, cinq interventions ont été organisées entre le 12 mars et le 14 avril 2011, pour chercher des victimes portées disparues. Les recherches ont pu être menées dans cinq sites :
- Natori (Miyagi) du 12 au 15 mars ;
- Minamisanriku (Miyagi) du 13 au 15 mars ;
- Ishinomaki (Miyagi) du 28 au 31 mars ;
- Ôfunato et Rikuzentakata (Iwate) du 5 au 11 avril ;
- Rikuzentakata (Iwate) du 8 au 11 avril.
Malheureusement les 21 chiens de sauvetage n’ont pas retrouvé de survivants, mais 9 corps ont ainsi pu être découverts parmi les décombres avant les opérations de déblaiement.
02 – Ôfunato
À Ôfunato (Ôfunato-shi, 大船渡市), c’est Rhinocorne (Saihôn, サイホーン , n°111) un Pokémon de type Roche et Sol qui a été choisi. Derrière ce Pokémon, des éclairs jaunes rayonnent sur un fond noir. Or, Rhinocorne n’a pas d’attaque électrique. Son seul lien avec l’électricité pourrait être sa capacité spéciale « Paratonnerre » et c’est peut-être pour ça qu’il a été choisi ici.
De la roche à l’électricité en passant par le sol
Il se pourrait que cette association roche-sol et électricité soit une référence à l’usine de ciment de l’entreprise Taiheiyo Cement (Taiheiyô-Semento, 太平洋セメント). Celle-ci est située à l’embouchure du fleuve Sakari au fond de la baie d’Ôfunato et a été endommagée par le raz de marée du 11 mars 2011 quand celui-ci a dévasté la ville.
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C’est ici qu’en 2016, l’entreprise productrice d’énergie, Erex (Irêkusu gurûpu, イーレックスグループ), a conclu un partenariat avec les propriétaires de l’usine pour installer une centrale biomasse (Ôfunato-Baiomasu-Hatsudensho, 大船渡バイオマス発電所). Cette centrale est la plus puissante du Tôhoku avec une puissance de production de 75 MégaWatt pouvant alimenter environ 11900 foyers. Le nouveau souffle représenté par le passage de la production de ciment à celle d’électricité serait ainsi symbolisé par l’association de ce Pokémon de type roche et sol et des éclairs qui rayonnent tout autour de lui.
03 – Sumita
En prenant la route vers le nord-ouest, nous arrivons au centre du bourg de Sumita (Sumita-chô, 住田町) où se trouve une troisième plaque.
On y voit Embrylex (Yôgirasu, ヨーギラス, n°246) bondissant devant un décor dans les tons beige et marron, composé de plusieurs niveaux. Une coulée presque blanche semble tomber en cascade dans la moitié droite. Pour comprendre ce qui est représenté ici, il faut reprendre la route pendant une vingtaine de kilomètres et s’équiper pour faire un peu de spéléologie.
La grotte Rôkandô
Pratiquement au bout de la pointe nord-est de la circonscription de Sumita, une grotte a été découverte en 1885. Appelée Rokandô (滝観洞), cette grotte tient son nom des cascades qu’on peut y admirer. Depuis son ouverture au grand public en 1955, la grotte a été aménagée pour faciliter l’accès jusqu’aux deux cascades souterraines.
La grande cascade
C’est la cascade principale (Ama-no-iwato-no-taki, 天の岩戸の滝), celle située à environ 880 mètres de profondeur, tout au fond de la grotte qui est certainement dépeinte sur cette plaque. En effet, celle-ci tombe du plafond de la grotte depuis une hauteur de 29 mètres De plus, on sait depuis 1966 que cette cascade se prolonge en hauteur sur 350 mètres formant ainsi deux autres cascades qu’on ne peut pas voir depuis le sol.
Roche et sol
Selon le Pokédex, Embrylex naît dans les profondeurs du sol et se nourrit de terre. Il serait donc tout à fait possible que ce Pokémon ait été choisi pour son double type Roche et Sol et pour son affinité avec les grottes. Nous le laissons donc tranquille pour retourner vers la côte.
04 – Kamaishi
Arrivé dans la ville de Kamaishi (Kamaishi-shi, 釜石市) c’est un autre Pokémon vorace que nous rencontrons : Galekid (Kokodora, ココドラ, n°304), un Pokémon Roche Acier de la 3ème génération. Comme il présente un certain appétit pour le minerai de fer, celà nous pousse à croire que le décor de cette PokéPlak, composé de rectangles gris et noir représente des plaques de métal rivetées. Cette hypothèse est confirmée par l’histoire de la ville.
Le berceau de la sidérurgie japonaise moderne
Une dizaine de hauts-fourneaux ont été construits dans les environs de Kamaishi en raison des ressources minières qui y avaient été découvertes un siècle plus tôt. C’est à Kamaishi que le premier haut fourneau japonais a été allumé, le 1er décembre 1857 : jour qui marque l’entrée du Japon dans la sidérurgie moderne.
Après la nationalisation des hauts fourneaux en 1880, bien que la ville a rencontré plusieurs difficultés : pénurie de charbon, épidémie de choléra, séisme ; elle joua un rôle important dans l’effort de guerre jusqu’à la destruction des usines par les bombardements américains, lors de la Seconde guerre mondiale.
Le musée du fer et de l’acier
Kamaishi conserve néanmoins son titre de ville de la sidérurgie quand son activité reprend pendant le boom économique d’après-guerre. En 1985, le musée d’histoire du fer et de l’acier (Tetsu-no-rekishikan, 鉄の歴史館) est ouvert pour présenter le patrimoine industriel de la ville. Toutefois, la fermeture des hauts fourneaux en 1988 a poussé la ville à se réinventer face à son déclin.
Acier et roche
La Poképlak placée à Kamaishi sert d’une part à commémorer la disparition de milliers d’habitant à cause du raz de marée du 11 mars 2011, mais elle sert également à aider la ville dans son effort de reconstruction en rappelant le patrimoine industriel et culturel de Kamaishi à travers ce Pokémon de type Roche et Acier.
05 – Ôtsuchi
Pas très loin de Kamaishi, c’est dans le bourg d’Ôtsuchi (Ôtsuchi-chô, 大槌町)que nous trouvons une nouvelle PokéPlak. On y voit Caratroc (Tsubotsubo, ツボツボ, n°213), un Pokémon Roche et Insecte qui ressemble à une tortue. Il paraît très heureux d’être sur cette plage de sable, au bord de la mer. Puisqu’il tourne la tête vers la gauche, notre regard est tout de suite attiré par une tour rouge qui se dresse à l’horizon. Comme à Rikuzentakata, une bande de nuages s’étend le long de l’horizon et trois silhouettes d’oiseaux volent dans le ciel, mais ici le soleil sort timidement des nuages.
Un phare pour illuminer l’avenir
La tour représente le nouveau phare, en forme de sablier, de la baie d’Ôtsuchi (Ôtsuchi-kô-tôdai, 大槌港灯台). Le phare précédent avait été construit en 1953 sur la petite île de Hôrai-jima (Hôrai-jima, 蓬萊島) également représentée sur cette plaque. Suite à sa destruction par le raz de marée de 2011, les autorités avaient lancé un concours ouvert aux habitants pour imaginer un nouveau phare qui symboliserait le renouveau de la région.
C’est ainsi que ce phare, a été inauguré en décembre 2012 en suivant le design imaginé par Minako Iwama (岩間 みな子) : une bougie, en hommage aux victimes ; une forme de sablier qui évoque le passage du temps et une flamme sphérique qui illumine l’avenir comme un petit soleil.
Une tortue sur la plage
En ce qui concerne Caratroc, il ne semble pas que ce soit pour son double type mais plutôt pour sa ressemblance avec une tortue que ce Pokémon a été choisi.
En effet, Ôtsuchi est connu et reconnu pour être un site de référence en ce qui concerne l’étude des tortues marines. Le début des observations biologiques de ces animaux ont commencé après l’arrivée du professeur Satô (Satô Katsufumi, 佐藤 克文, 1967-) en 2004 et de sa première étudiante (en 2005) au Centre International de Recherche Côtière (ICRC). Fondé en 1973 par l’Université de Tôkyô, ce centre de recherche a également dû être reconstruit en 2012 car il a été frappé par le raz de marée de 2011. Il se situe toujours dans le quartier d’Akahama d’Ôtsuchi, à proximité de l’île de Hôrai-jima et donc de l’entrée de la baie.
Les tortues rouges
Chaque année, entre juin et octobre, des tortues marines viennent le long des côtes d’Iwate avant de retourner vers leurs lieux de ponte situés au sud. Ôtsuchi était donc idéalement situé pour étudier ces animaux. Les deux principales espèces observées sont la tortue verte (Ao-umigame, アオウミガメ) [Chelonia mydas] et la caouanne (Aka-umigame, アカウミガメ) [Caretta caretta]. Or en japonais, le nom de la caouanne signifie “tortue marine rouge” en raison de la teinte de sa carapace. Il est donc très probable que Caratroc ait aussi été choisi car sa carapace rouge pouvait rappeler la caouanne.
06 – Yamada
En continuant de remonter le long des côtes vers le nord, nous arrivons ensuite au bourg de Yamada (Yamada-machi, 山田町). Le design de cette plaque est assez simple : Amonita (Omunaito, オムナイト, n°138) est posé sur un fond bleu traversé d’ondulations et parsemé de petites bulles blanches.
L’attraction principale du bourg de Yamada est le musée des sciences des baleines et de la mer (Kujira to Umi no Kagakukan, 鯨と海の科学館). Mais quel pourrait être le lien avec Amonita ?
Le musée des baleines
L’histoire de ce musée commence en 1987, quand un grand cachalot (Makkôkujira, マッコウクジラ) de 60 tonnes et 17,6 m de long est pêché dans la baie de Sanriku. Afin de conserver ses restes et de sensibiliser les générations futures, un musée est construit. Dédié aux animaux marins de la baie de Sanriku et plus largement aux baleines, ce musée a ouvert ses portes en 1992. Il a ensuite été fermé à cause du tsunami de 2011, et c’est seulement en juillet 2017 qu’il a rouvert au public.
Pas de baleine dans les types Roche
Si le choix des Pokémon n’était pas limité par le type roche, c’est probablement un Pokémon baleine qui aurait été choisi : Wailmer ou Wailord car Yamada n’est pas particulièrement connu pour les ammonites ni pour les fossiles. Toutefois, il se pourrait que ce Pokémon fasse référence à un événement précis datant aussi de 1992.
Japan Expo in Iwate ’92
Le musée des sciences des baleines et de la mer a été inauguré au moment de l’Exposition de la Mer et du Sanriku (Sanriku・Umi no Hakurankai, 三陸・海の博覧会) organisée à Iwate de juillet à septembre 1992. Aussi appelée Japan Expo in Iwate ’92, cette exposition a eu lieu dans trois localités du département : la ville de Kamaishi, le bourg de Yamada et la ville de Miyako.
La Dalle aux Ammonites
Le musée de Yamada présentait la réplique et le squelette du grand cachalot péché en 1987, le plus grand du monde. La ville de Miyako présentait les divertissements nautiques dont une grande plage artificielle de sable blanc. Enfin, la ville de Kamaishi présentait une réplique de la Dalle aux Ammonites. Cette réplique avait été commandée à la ville de Digne-les-Bains, dans les Alpes de Hautes Provence, pour satisfaire l’intérêt scientifique des chercheurs japonais qui avaient pu observer ce vestige in-situ.
Cette dalle de 12 m de haut et 16 m de long, présentant près de 600 ammonites, était exposée lors de l’Exposition de 1992. Aujourd’hui, elle est conservée au deuxième étage du musée du fer et de l’acier de Kamaishi.
Depuis 1994, Digne-les-Bains et Kamaishi ont conclu un jumelage ; quant à la dalle originale, sa surface dégagée a été doublée, permettant d’observer plus de 1550 ammonites vieilles de 200 millions d’années.
Ces ammonites étaient certainement le pinacle de la Japan Expo in Iwate ’92 car on en trouve une représentée sur l’affiche et sur le revers de la médaille souvenir de l’exposition. Bien qu’Amonita aurait donc mieux convenu à Kamaishi qu’à Yamada, ce Pokémon de type Roche et Eau permet tout de même de mettre en avant la vie aquatique tout en évoquant le passé du bourg de Yamada.
07 – Miyako
Nous enchaînons avec la prochaine ville (toujours plus au nord), celle de Miyako (Miayko-shi, 宮古市), l’un des trois sites de la Japan Expo in Iwate ’92.
En plein milieu de cette PokéPlak, nous trouvons enfin Racaillou (Ishitsubute, イシツブテ, n°074), le Pokémon ambassadeur de ce département. Il est représenté sur une plage, devant un groupe de rochers qui se dressent au milieu de l’eau sur la ligne d’horizon.
A mi-chemin entre le sud et le nord
Racaillou a été choisi comme Pokémon ambassadeur pour sa ressemblance avec le nom du département d’Iwate (Iwate-ken, 岩手県). En effet, celui-ci est composé des kanji signifiant séparément “Rocher” (Iwa, 岩) et “Main” (Te, 手). Or, Racaillou est exactement un rocher avec des mains, ce qui en fait l’incarnation parfaite du nom de ce département. Tout comme Miyako est située au milieu de la côte d’Iwate, cette PokéPlak est exactement au milieu des 15 plaques de cet ensemble. Nous avons vu les 6 PokéPlaks au sud, il nous reste à voir les 6 au nord.
Des Racaillou partout
Nous n’en avons pas parlé jusqu’ici mais vous aurez sans doute déjà remarqué que Racaillou est présent sur toutes les plaques d’Iwate ! Si ce n’est pas le Pokémon principal comme ici, sa silhouette est plus ou moins intégrée dans le décor de chaque plaque.
Les avez-vous tous trouvés ?
( Galerie :
A gauche : Silhouettes de Racaillou sur les six plaques au sud de Miyako
A droite : Silhouettes de Racaillou sur les six plaques au nord de Miyako )
Le département des Pokémon Roche
Puisque nous sommes sur les détails cachés. Avez-vous trouvé ce qui se cache sur la PokéPlak de Miyako ?
Les lettres formant le nom anglais du type Roche : “R・O・C・K”, sont inscrites sur les rochers derrière Racaillou.
Il ne vous aura pas échappé que tous les Pokémon jusqu’ici sont au moins de type roche. C’est en effet le critère de sélection essentiel pour ce département où il n’aurait pas été étonnant de croiser Pierre (Takeshi, タケシ) le champion de l’arène d’Argenta.
Les 15 Pokémon de cette série ont donc été choisis uniquement parmi les 73 Pokémon et formes régionales de type Roche existants au moment de la conception de ces designs.
Une plage paradisiaque
Le paysage dépeint sur cette plaque est celui de la plage Jôdogahama (Jôdo-ga-Hama, 浄土ヶ浜), reconnaissable au chapelet de rochers né du magma et modelé par la mer. Cette plage est classée parmi les lieux de beauté pittoresque du Japon (Mei-Shô, 名勝). Elle se trouve dans le Parc national de Sanriku Fukkô (Sanriku-Fukkô-Kokuritsu-Kôen, 三陸復興国立公園) créé après le raz de marée du 11 mars 2011, pour la reconstruction de la région de Sanriku.
Ici, contrairement à ce que les points sur la plaque laissent penser, on ne trouve pas une plage de sable blanc mais une plage de galets. Ce qui peut aussi être une raison de la présence de Racaillou, dont le nom japonais peut faire référence à du gravier ou des galets.
08 – Iwaizumi
À environ 15 kilomètres de la côte, dans le centre du bourg d’Iwaizumi (Iwaizumi-chô, 岩泉町) et à proximité de la grotte de Ryûsendo (龍泉洞) se trouve une nouvelle PokéPlak. Cette grotte est l’une des trois plus grandes grottes calcaires du Japon. Toutefois, sur les 4088 mètres explorés, seulement 700 mètres sont ouverts au public.
Sur cette plaque d’Iwaizumi, on voit Ptyranidur (Chigorasu, チゴラス, n°696) sur fond de strates beiges, grises et oranges où on découvre des ossements blancs.
La grotte de la source du dragon
Inspiré du tyrannosaure, ce Pokémon peut faire référence à deux mascottes : Ryû-chan et Izumi-chan. Qui sont les mascottes d’Iwaizumi depuis 2012. Avant cette date, il n’y avait que Ryû-chan et c’était alors la mascotte de la grotte Ryûsendo. C’est d’ailleurs de cette grotte que proviennent leurs noms qui signifient “Dragon” (Ryû, 龍) pour le premier et “Source” (Izumi, 泉) pour la seconde. On raconte même que ces deux dragons vivraient dans les sections de la grotte interdites au public.
Avec sa forme évoluée, Ptyranidur est le seul Pokémon Roche à être également de type Dragon. Néanmoins, sa ressemblance avec un dinosaure est tout aussi importante ici.
Entre dragon et dinosaure
Les strates et les ossements en arrière-plan peuvent évoquer des fouilles archéologiques. En effet, en 1978, un os de la patte antérieure d’un sauropodes a été découvert à Iwaizumi, sur la côte de Moshi (Moshikaigan, 茂師海岸). Ce dinosaure a donc été surnommé Moshiryû (モシ竜).
Bien qu’Iwaizumi a longtemps été considéré comme le premier site de découverte d’un fossile de dinosaure depuis la Seconde Guerre mondiale, une découverte plus ancienne a été confirmée en 2017. Celle-ci a été faite en 1965 à Shimonoseki dans le département de Yamaguchi. Toutefois, Iwaizumi n’en reste pas moins un site archéologique renommé, et la découverte du Moshiryû a ouvert de grands travaux de fouilles à travers tout le pays.
09 – Tanohata
Nous revenons ensuite le long de la côte, au village de Tanohata (Tanohata-mura, 田野畑村). Ici, nous découvrons une plaque épurée où Tarinor (Nozupasu, ノズパス, n°299) semble humer l’air marin du sommet d’un rocher. La ligne d’horizon en contrebas, nous indique que ce Pokémon est en hauteur par rapport au niveau de la mer.
C’est un roc ! C’est un pic ! C’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? C’est une falaise !
Le site mis en avant sur cette plaque est une falaise, mais pas n’importe laquelle. À proximité de Tanohata, se trouve une falaise qui surplombe l’océan avec ses 200 mètres de haut et qui s’étend sur 8 kilomètres entre Tanohata et le prochain village au nord.
Puisque le nez de Tarinor est censé pouvoir indiquer le nord comme l’aiguille d’une boussole, on peut y voir une allusion au nom du cap où se trouve cette falaise : Kitayamazaki (北山崎) littéralement le cap (Zaki / Saki, 崎) de la montagne (Yama, 山) du nord (Kita, 北). Néanmoins, il s’agit il pourrait aussi faire référence plus subtilement à des raz de marée qui ont touché l’est du Japon.
Le moaï de Minamisanriku
Si Tarinor a cette apparence et ce nom c’est parce que les Japonais sont fascinés par le nez des moaïs de l’île de Pâque. C’est à ces statues de pierre que ce Pokémon et son évolution font référence. Or, dans le département voisin, le bourg de Minamisanriku possède un moaï offert par le Chili en témoignage d’amitié et pour commémorer deux catastrophes.
Le raz de marée du Chili, 1960 :
L’histoire commence le 22 mai 1960 quand le plus grand séisme jamais mesuré a fait trembler le Chili. Avec une magnitude estimée à 9,5 sur l’échelle de Richter, ce séisme a provoqué un énorme raz de marée qui a traversé l’océan Pacifique, et a notamment dévasté l’ancien bourg de Shizugawa (Shizugawa-chô, 志津川町) [actuel bourg de Minamisanriku, dans le département de Miyagi]. Pour commémorer les 30 ans de cette catastrophe, une réplique de moaï a été sculptée au Chili, puis transportée au Japon par bateau. Elle a alors été installée dans le parc Matsubara, face à la baie Shizugawa, en juillet 1991.
Le raz de marée de 2010 :
Cinquante ans après le gigantesque séisme, un nouveau séisme (8,8 sur l’échelle de Richter) a secoué le Chili. Cette fois encore, ce séisme a provoqué un raz de marée qui a traversé l’océan Pacifique et a atteint les côtes japonaises le 28 février 2010. Cependant, avec une hauteur d’environ un mètre, la plus haute vague n’était rien en comparaison de ce qui allait arrivé l’année suivante.
Le raz de marée de 2011 :
Avec une magnitude estimée entre 9,0 et 9,1, même si le séisme du 11 mars 2011 était plus faible que celui de 1960 au Chili, comme son épicentre n’était qu’à 300 km des côtes japonaises, le raz de marée qu’il a provoqué était d’autant plus important. Ce sont des vagues pouvant dépasser 10 mètres qui ont déferlé sur l’est du Japon.
Comme à peu près tout sur la côte, le moaï de Minamisanriku n’a pas résisté au passage du raz de marée. Seule sa tête est encore conservée dans l’enceinte du lycée Shizugawa. En réaction à la catastrophe qui a touché l’est du Japon, des sculpteurs rapanui ont souhaité réaliser un nouveau moaï. C’est ainsi que pour la première fois dans l’histoire, un moaï sculpté sur l’Île de Pâque a quitté son île natale en étant offert. Le 25 mai 2013, ce moaï a été éveillé et se dresse encore de nos jours dans le parc Matsubara pour veiller sur la population.
10 – Fudai
En longeant la falaise de Kitayamazaki depuis Tanohata, nous arrivons au village de Fudai (Fudai-mura, 普代村). Ici, c’est un nouveau Pokémon dinosaure qui nous attend. Dinoclier (Tatetopusu, タテトプス, n°410), un Pokémon Roche et Acier, est campé devant une structure qui évoque un barrage derrière lequel on aperçoit trois collines.
La barrière anti-inondation
La construction en béton correspond à la barrière anti-inondation (Fudai-Suimon, 普代水門) édifiée à proximité de l’embouchure de la rivière Fudai. Haute de 15,5 m et longue de 205 m, cette barrière a été construite suite aux importantes pertes humaines subies lors des raz de marée causés par les séismes de 1896, 1933 et 1960. Elle est le résultat d’un énorme chantier qui a duré de 1972 à 1984.
Un bouclier contre les raz de marée
Lors du tsunami de mars 2011, bien que la barrière ait été submergée de près de 2 mètres, il n’y a heureusement pas eu de mort cette fois. Sans elle, le village de Fudai aurait subi le même sort que les autres localités côtières.C’est évidemment parce que Dinoclier est un bouclier (Tate, 盾) qu’il a été choisi ici.
11 – Noda
Toujours, plus au nord, nous arrivons à présent au village côtier de Noda (Noda-mura, 野田村). Sur la PokéPlak qui se trouve à la sortie de la gare de Noda-Tamagawa, nous trouvons l’emblématique Onix (Iwâko, イワーク, n°95) sur fond de polygones roses et de petits rond gris.
La mine Noda Tamagawa
Puisqu’Onix est de type Roche et Sol et qu’il a tendance à laisser des tunnels derrière lui, il se pourrait qu’il ait été choisi pour faire référence à la mine de Noda Tamagawa (Noda-Tamagawa-Ginzan, 野田玉川銀山).
Cette mine a été ouverte en 1905. Grâce à la modernisation de l’industrie, elle est devenue la plus importante mine de manganèse du Japon, dans les années 1950, mais l’extraction de manganèse a été stoppée en 1984.
La rhodonite
Après sa fermeture en 1984, 1500 km de galerie ont été rouverts au public. Depuis 1987, la mine de Noda Tamagawa est devenue le Marine Rose Park Noda Tamagawa (マリンローズパーク野田玉川). Une partie de la mine a été transformée en musée pour présenter l’activité minière, les outils et les différents minéraux qu’on y cherchait. Le minéral emblématique de Noda est la rhodonite aussi appelée pyroxene rose (Bara-kiseki, バラ輝石). Le nom du parc provient d’ailleurs du surnom donné à la rhodonite qui est extraite et raffinée ici : la Rose-Marine (Marin’ Rôzu,マリンローズ) ; en raison de sa proximité avec l’océan et de sa couleur. C’est donc cette pierre fine qui figure en arrière-plan sur la PokéPlak de Noda.
Le parc rose-marine
Alors que le village de Noda a été dévasté par le raz de marée du 11 mars 2011, la mine a résisté au séisme et sa localisation lui a permis de ne pas être submergée. C’est l’un des rares sites touristiques de la région à n’avoir subi que peu de dégâts et le Marine Rose Park Noda Tamagawa a donc pu rouvrir rapidement après la catastrophe, néanmoins sa fréquentation a tout de même diminué suite aux dégâts dans la région.
12 – Kuji
En empruntant la ligne Rias qui circule le long de la côte depuis Ôfunato (Miyagi), nous arrivons à son terminus dans la ville de Kuji (Kuji-shi, 久慈市) où une nouvelle PokéPlak nous attend à environ 400 mètres à l’ouest de la gare. Cette ligne de chemin de fer est née de la fusion, le 23 mars 2019, de trois segments endommagés en 2011. Sur la PokéPlak de Kushi, c’est un Ptéra (Putera, プテラ, n°142) qui nous accueille. En fond, on reconnait facilement des morceaux d’ambre jaune-orange dans lesquels des insectes ont été piégés.
Le secret de l’ambre
Comme dans le film Jurrasic Park, sorti 3 ans avant les premiers jeux Pokémon au Japon, cette créature préhistorique a été ressuscitée à partir de l’ADN contenu dans de l’ambre. Si dans les premiers jeux, les dresseurs peuvent récupérer un vieil ambre (Himitsu-no-Kohaku, ひみつのコハク) dans le Musée des Sciences d’Argenta, dans la réalité, il suffirait de passer au Musée de l’ambre de Kuji (Kuji-Kohaku-Hakubutsukan, 久慈琥珀博物館) pour en trouver sans difficulté ! Ce musée a été inauguré en 1984, mais l’histoire de l’ambre de Kuji est beaucoup plus ancienne.
L’ambre de Kuji
L’ambre en arrière-plan fait donc référence à l’item du jeu mais également à l’ambre qu’on trouve dans la région. En effet, le plus important gisement d’ambre du Japon se trouve à Kuji. Il est connu depuis plus de quinze siècles, mais c’est à partir de l’époque Muromachi (1333-1573) que l’exploitation se développe en réponse à l’augmentation de la demande.
Le musée de l’ambre de Kuji présente l’histoire de cet ambre vieux de plusieurs millions d’années, ainsi que ses diverses utilisations à travers le temps, car l’ambre peut servir pour fabriquer des objets décoratifs et des œuvres d’art mais il a également servi à fabriquer de l’isolant pour les radars ou même de l’enduit anti-corrosion pour les navires.
13 – Hirono
Exceptionnellement, ce n’est pas un mais deux Kabuto (Kabuto, カブト, n°140) qu’on trouve sur la PokéPlak du bourg de Hirono (Hirono-chô, 洋野町), notre dernière étape avant le département d’Aomori. Les deux Pokémon sont sous l’eau comme le suggère les cercles concentriques bleues et les bulles.
Les Pokémon fossiles
Tous les Pokémon recréés à partir de fossiles entre la 1ère et la 7ème génération sont au minimum de type Roche. C’est pour cette raison que sur les 11 Pokémon ressuscités à partir de fossiles, on en trouve 5 à Iwate : Amonita, Dinoclier, Ptyranidur, Ptera et enfin Kabuto.
Toutefois, il y a bien quelques fossiles de trilobite (San’yôchû, 三葉虫) à Iwate, un fossile a été trouvé dans la ville d’Ôfunato, mais aucun n’a encore été découvert à Hirono. Il ne semble donc pas y avoir de lien entre des fossiles de trilobite et les environs de Hirono.
Fossiles vivants
La forme de Kabuto peut évoquer le trilobite mais il est également inspiré de la limule (Kabuto-gani, カブトガニ) qui est souvent qualifiée de fossile vivant. Mais cette fois encore, il ne semble pas y avoir de limules dans les eaux de Hirono. En effet, au Japon, on trouve généralement cet animal dans la mer intérieure de Seto et au nord de Kyûshû.
Les oursins de Hirono
La présence de ces deux Kabuto pourrait s’expliquer par l’une des spécialités de Hirono : les oursins (Uni, ウニ). En effet, le département d’Iwate est le deuxième producteur national d’oursin, après Hokkaidô. Et c’est le bourg de Hirono qui est à la tête du département. L’échiniculture s’est développée à partir des années 1934-1935 avec l’aménagement des côtes de Hirono. Mais les oursins de Hirono sont également réputés pour leur qualité gustative !
Or, les limules sont des prédateurs naturels des oursins. On pourrait donc imaginer que ces deux Pokémon seraient venus déguster la spécialité locale. Kabuto étant de type Roche et Eau, ce serait aussi le meilleur choix parmi les Pokémon de type Roche pour mettre en avant les fonds marins et les activités qui y sont liées comme la plongée sous-marine.
Quel est votre avis sur le choix de Kabuto ? Êtes-vous d’accord avec cette interprétation ?
Sources et ressources
Propriétaire et source indiqués sous chaque illustration
01 Rikuzentakata
- Les dates de mise en place des PokéPlak d’Iwate
- Site de la ville de Rikuzentakata
- Page de présentation du pin solitaire
- La forêt de Takatamatsubara
- Les étapes du projet de conservation du pin
- Site de l’association japonaise des chiens de sauvetage
- Résumé des opérations de sauvetage (pdf)
- Détails et photo des interventions de sauvetage
02 Ôfunato
- Les centrales biomasse d’Erex
- Revue de presse sur la centrale biomasse d’Ofunato
- D’une usine de ciment à une centrale biomasse
03 Sumita
04 Kamaishi
- Musée du fer et de l’acier de Kamaishi
- Histoire de Kamaishi
- Histoire de la siderurgie japonaise
- Ce qu’il faut visiter à Kamaishi
- Fiche sur le musée de Kamaishi (en français)
- La dalle aux ammonites [Digne-les-bains / Kamaïshi]
05 Ôtsuchi
- L’ancien phare d’Ôtsuchi
- Article présentant Minako Iwama et l’inauguration du phare
- Photo du phare depuis l’île de Hôrai
- Annecdotes sur le début des recherches du professeur Satô
- Les études de tortues marines par année
- Historique du ICRC
- Page Wikpédia d’Ôtsuchi
- Photos des bassins d’observation d’Ôtsuchi
- Etat du centre de recherche après le raz de marée de 2011
- Page wikipédia du professeur Satô
- La tortue caouanne
- La tortue verte
06 Yamada
- Le musée des sciences des baleines et de la mer de Yamada
- Page wiki du musée
- L’exposition de la Mer et du Sanriku à Iwate
- La 2ème Japan Expo, 1992
- La médaille souvenir de l’exposition
- La Dalle aux ammonites (la réplique)
- La dalle aux ammonites (Digne-les-bains / Kamaishi)
- Jumelage Digne les Bains et Kamaishi
- La dalle aux ammonites en péril
07 Miyako
- Wikipédia la plage de Jôdoga
- Wikipédia (japonais) Jôdogahama
- Site de Miyako : Jôdogahama
- Parc national de Sanriku
08 Iwaizumi
- Informations générales sur la Grotte Ryûsendo
- Page wikipédia : Iwaizumi
- Histoire de Ryû-chan
- Ryû-chan apparu en 2006
- Création d’Izumi-chan
- Les deux mascottes d’Iwaizumi
- La côte Moshi
- Le Moshiryu d’Iwate
- Découverte d’un nouveau fossil en 1965
- Importance du Moshiryû dans l’histoire de l’archéologie japonaise
09 Tanohata
- Page officielle de la campagne Pokémon Local act
- Citation exacte de Cyrano de Bergerac :
« C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap !
Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! » - Page wikipédia en japonais de Tanohata-mura :
- La falaise de Kitayamazaki
- Autres informations sur Kitayamazaki
- Page wikipédia sur la falaise Kitayamazaki
- La statue moaï de Minamisanriku
- Les moaï et les répliques au Japon
- Le séisme du Chili 1960
- Raz de marée après le séisme au Chili 1960
- Raz de marée de 2010
10 Fudai
11 Noda
- Histoire de la mine Noda Tamagawa :
- Chronologie de la mine Noda Tamagwa
- Année de fermeture de la mine
- Liste des minéraux extraits de la mine Noda Tamagawa
- Description de la Rhodocrosite
- Description de la Rhodonite
- Informations sur la Rose Marine
- La mine au sein du parc national Sanriku-Geopark
- Page Wikipédia : la Rhodonite
- Page Wikipédia : le village de Noda
12 Kuji
- La ligne Rias
- Liste des Pokémon fossiles
- Histoire du musée de l’ambre de Kuji
- Site du musée de l’ambre de Kuji
- Pour préparer une visite du musée de l’ambre de Kuji
- Page Wikipédia : Kuji