Sur notre route, nous découvrons les PokéPlak du département d’Aomori qui ont été installées le 13 mars 2021. En effet, les deux plaques dont nous allons parler ont été installées plus récemment que les autres, le 13 mars 2021. Même si les deux plaques d’Aomori ne font pas partie de la série de plaques initiales, elles ont été révélées presque jour pour jour dix ans après le grand séisme du 11 mars 2011.
Nous allons faire une exception au programme fixé au début de cette série d’articles sur les PokéPlak pour voir comment ces plaques s’intègrent pleinement dans la démarche de reconstruction du Tôhôku.
Les deux plaques d’Aomori se trouvent dans les localités côtières juste au nord du département d’Iwate.
Sommaire
01 – Hashikami
Le bourg de Hashikami (Hashikami-chô, 階上町) est la première commune d’Aomori où on arrive après avoir vu la plaque de Hirono à une dizaine de kilomètres dans le département d’Iwate.
Sur la plaque de Hashikami, plusieurs Pokémon se présentent à nous. Dans l’ordre, tout devant, un Wattapik (Bachin’uni, バチンウニ, n°871), puis un Concombaffe (Namakobushi, ナマコブシ, n°771) arrive à gauche et enfin un Frissonille (Yukihami, ユキハミ, n°872) arrive à droite. Plus loin, nous voyons un phare blanc composé d’une base rectangulaire surmontée d’une tour cylindrique qui se finit par une terrasse plate entourée de barrières. Il se découpe sur un ciel rosi par le soleil qui dépasse légèrement de la surface de la mer à l’horizon. Enfin, deux Goélise (Kyamome, キャモメ, n°278) volent dans le ciel en haut à droite. Celui le plus haut, plus petit, n’est représenté qu’en silhouette noire.
Le phare de Hashikami
Reconnaissable par sa forme particulière, le phare représenté sur cette plaque se situe à l’extrémité la plus à l’est du département d’Aomori, sur la côte de Kofunato (Kofunato-kaigan, 小舟渡海岸) à l’ouest du bourg de Hashikami, à la limite avec le département d’Iwate. Haut de 11 mètres, le phare de Hashikami émet son signal lumineux depuis 1959.
Le plateau où se trouve le phare de Hashikami est parfois surnommée le berceau du soleil car chaque matin c’est le site du département d’Aomori où l’on peut admirer les premiers rayons du soleil. Ceci explique la représentation du soleil sur la plaque ainsi que la teinte rose du ciel matinal.
En ce qui concerne le trio de Pokémon, il pourrait y avoir plusieurs explications.
Wattapik, Concombaffe et Frissonille forment un trio suffisamment populaire pour être souvent associés ensemble mais ici ils rappellent surtout un autre trio lié à Hashikami.
Les enfants de Hashikami
Une des mascottes de Hashikami est un oursin violet et orange : Kazemaru (かぜ丸). Il fait partie du trio des “enfants de Hashikami” (Hashikami Kids) apparu en décembre 2000.
Il partage plusieurs points communs avec Wattapik : leurs couleurs principales sont le violet et le jaune/orange ; ils sont tous deux inspirés des oursins dont ils reprennent les couleurs et la forme avec leur piquants.
Les oursins de Hashikami
Le nom de Kazemaru vient du nom traditionnel donné aux oursins dans le nord du Sanriku.
On n’emploie donc pas le terme habituel pour désigner les oursins (uni, ウニ) mais kaze (かぜ). Nous avons déjà évoqué l’échiniculture en passant à Hirono car le long de ces côtes les conditions idéales sont rassemblées pour permettre le bon développement de ces créatures à piques. C’est la raison pour laquelle les côtes de Hashikami ont été intégrées dans le parc national de la reconstruction du Sanriku (Sanriku-fukkô-kokuritsu-kôen, 三陸復興国立公園). Ici aussi, les oursins sont extrêmement réputés et ce sont une des fiertés de Hashikami.
Fleurs d’azalée et greenling gras
Les deux autres mascottes sont Princesse Azalée (Tsutsuji-hime, つつじ姫) et un poisson appelé Aburame-kun (あぶらめくん). Ce sont les personnifications de la fleur et de l’animal marin emblématiques de Hashikami : la fleur d’azalée (depuis mai 1980) et le greenling gras [Hexagrammos Otakii] (depuis mars 1994).
Il n’y a donc pas d’autre lien entre ce trio de mascottes et notre trio de petits Pokémon. Leur nombre et les oursins sont peut-être les seules raisons de leur présence ici. Néanmoins, si on s’attarde sur les deux autres Pokémon on peut découvrir une autre spécialité locale qui ne vient pas de la mer.
Dégustation de Frissonille
Les trois Pokémon représentés sur la plaque de Hashikami se ressemblent et deux d’entre eux se suivent même dans la classification du Pokédex : Frissonnille occupe la place juste après Wattapik. Néanmoins, à la différence de Wattapik et de Concombaffe, Frissonnille n’est pas un Pokémon aquatique mais un Pokémon insecte et glace. C’est la larve d’un Pokémon papillon. Cette particularité ouvre une piste qui me semble plutôt amusante et qui pourrait être une autre raison de la présence de Frissonille sur cette plaque.
Combien de larves avec votre café ?
Frissonille pourrait rappeler Naizô-kun, une belle larve blanche fourrée à la confiture de myrtilles qu’on peut notamment trouver dans la boutique de spécialités locales de l’aire de repos de Hashikami (Michi-no-eki-Hashikami, 道の駅 はしかみ) où est placée cette PokéPlak. Les premières larves en friandise ont été confectionnée à partir de 2008 par Shin Ôshita (Ooshita Shin, 大下進) pour le plus grand plaisir de ses neveux, des enfants curieux et des gourmets en quête de surprises gustatives. Vous pouvez aussi déguster quelques larves en sirotant un café ou un chocolat chaud si vous vous rendez à son café La tente rouge (Akai-tento-kôhî-ten, 赤いテントコーヒー店).
Le marché Tatehana-kanbeki-asaichi
En plus de l’aire de repos de Hashikami, M. Ôshita ouvre son café sur des marchés de Hachinohe, notamment le marché matinal du quai Tatehana (Tatehanakanbeki-asa-ichi, 館鼻岸壁朝市) qui regroupe plus de 300 commerçants. Ce marché se tient chaque dimanche matin, du lever du soleil jusqu’aux alentours de 9h00, de mi-mars à décembre.
Un peu gluant mais appétissant
Ces friandises trompe-l’oeil ont toute un petit nom : Naizô-kun (内臓君) pour la larve de dynaste la plus populaire ; Sanagi-kun (さなぎ君) pour la nymphe de dynaste à l’orange ; Onchama-kun (おんちゃま君) pour les cinq petites larves goût Calpis ; Ageha (アゲハ) pour la chenille verte de Papilio xuthus parfum melon ; Yôchû-black (ようちゅうブラック) une version noire de Naizô-kun au cola ; Asagimadara (アサギマダラ) pour la chenille tigrée de Parantica sita aussi au cola ; mais également Namako (ナマコ) pour une holothurie au cola qui ne manque pas de piquant.
Ainsi, même Concombaffe, inspiré des holothuries peut faire référence ici à ces friandises locales.
Suivons Goélise
Sur cette première plaque, le Goélise qui vole dans le ciel n’est pas une référence à une mascotte ni à l’oiseau emblématique de Hashikami, ni du département d’Aomori. On peut imaginer qu’il ne fait que nous emmener à Hachinohe où nous le retrouvons sur la seconde PokéPlak du département.
02 – Hachinohe
La deuxième PokéPlak d’Aomori présente une composition surprenante. Nous retrouvons Racaillou, qui nous avait accompgné à travers le département d’Iwate, mais cette fois, il est vu en contre-plongé sous un tourbillon ascendant de Goélise (Kyamome, キャモメ, n°278). Comme indiqué sur son contour, cette plaque se trouve dans la ville de Hachinohe (八戸市) à dix kilomètres de la plaque précédente.
Dans cette seconde partie, je vous propose de découvrir en quoi le choix de ces Pokémon prend tout son sens quand on tient compte de l’emplacement précis de cette PokéPlak.
Le chat de la mer
Pour commencer, il nous semble intéressant de comprendre l’étymologie du nom japonais de Goélise : Kyamome (キャモメ). Ce nom tire son origine de la rencontre du nom de deux espèces de goéland que l’on trouve au Japon : kamome (鴎, goéland cendré [Larus canus]) et umineko (海猫, goéland à queue noire [Larus crassirostris]) qui correspond littéralement à “chat de mer”. Ce nom a été donné aux goélands à queue noire par les marins, en raison de leurs cris qui rappelleraient des miaulements de chats.
Ainsi, Kyamome tient son nom de la fusion des noms kamome et de kyato (transcription de l’anglais “cat”), ce qui explique aussi les deux petites oreilles pointues sur sa tête.
Oiseaux marins et mascottes
Comme sur les PokéPlak de Yokohama et Onagawa, Goélise représente les oiseaux marins que l’on croise dans ces villes portuaires, mais il rappelle aussi l’oiseau emblématique ou la mascotte de ces villes :
- Le goéland cendré est l’oiseau emblématique du département de Kanagawa depuis 1965 et qui a inspiré Swingy (Suwingii, スウィンギー) la mascotte de l’arrondissement Naka-ku de Yokohama depuis 2007 ;
- Le goéland à queue noir :
- l’oiseau emblématique d’Onagawa qui a inspiré Seapal-chan (Shiiparu-chan, シーパルちゃん) sa mascotte depuis 1990 ;
- également l’oiseau emblématique de Hachinohe depuis 1979 qui a inspiré ses mascottes : le couple Ikazukinz (Ikazukinzu, いかずきんズ) en 2009 et leurs deux enfants en 2013, rej pour Hachinohe
Néanmoins, s’il est mis à l’honneur et qu’il y en a autant sur la plaque de Hachinohe, c’est parce que la ville est célèbre pour la forte concentration de goéland à queue noire (umineko, 海猫, [Larus crassirostris]) et de goélands à manteau ardoisé (Ôsegurokamome, オオセグロカモメ [Larus schistisagus]) qui se rassemblent autour du bâtiment principal du sanctuaire de Kabushima.
Le sanctuaire des goélands
Cette Poképlak se situe au pied du sanctuaire de Kabushima (Kabushima-jinja, 蕪嶋神社). Ce sanctuaire comprend une petite colline qui formait autrefois l’ilôt qui lui a donné son nom.
En tant que lieu de nidification des goélands à queue noire, le sanctuaire de Kabushima est enregistré sur la liste des biens culturels importants désignés au niveau national depuis 1922. Chaque année, de février à août, c’est entre 30.000 et 40.000 goélands à queue noire qui font leur nid et prennent leur envol ici.
Un nouvel essor pour la ville
La disposition d’une PokéPlak à cet endroit a notamment pour but de développer le tourisme vers le sanctuaire et la ville de Hachinohe. Un an avant l’installation de cette plaque, en mars 2020, les travaux de restauration du bâtiment principal venaient de finir. Il aura fallu cinq années, entre l’incendie survenu en 2015 et la réouverture de cette partie du sanctuaire, car les travaux ne pouvaient pas avoir lieu pendant la nidification des goélands.
Les Pokémon ambassadeurs du Tôhoku
Puisque Goélise se trouve sur ces deux plaques d’Aomori, on pourrait penser qu’il s’agit du Pokémon ambassadeur du département puisque sur toutes les plaques de Fukushima, Miyagi et Iwate nous retrouvions le Pokémon ambassadeur.
De plus, comme à Shinchi, Yamamoto, ou encore Kesen’numa où les Pokémon ambassadeurs des départements voisins sont représentés sur la même PokéPlak, nous retrouvons ici le Pokémon ambassadeur d’Iwate : Racaillou.
Néanmoins, il n’y a pas d’information présentant Goélise comme l’ambassadeur d’Aomori. Ce serait même un autre Pokémon, Verpom (Kajitchu, カジッチュ, n°840) qui aurait été pressenti pour ce rôle car il rappelle le fruit emblématique du département. Mais à ce jour, aucun Pokémon n’a été désigné ambassadeur d’Aomori.
En revanche, Racaillou pourrait bien être là pour représenter une continuité avec le département d’Iwate.
La reconstruction du Sanriku
La ville de Hachinohe est la dernière ville à l’extrémité nord du parc national de la reconstruction du Sanriku (Sanriku-fukkô-kokuritsu-kôen, 三陸復興国立公園). Pour rappel, ce parc est né de la fusion des parcs X et Y après le grand séisme de 2011. Comme son nom l’indique, le but derrière cette fusion est de promouvoir la région historique du Sanriku (approximativement l’équivalent de nos jours aux départements de Miyagi, Iwate et Aomori) afin de faire revivre cette région dévastée.
En regardant la liste des sites qui se trouvent dans ce parc, on peut se rendre compte que nous avons déjà parlé de toutes ces villes à travers les précédents articles :
Aomori :
- Hachinohe pour Kabushima 蕪島 et la côte Tanesashi (Tanesashi-kaigan, 種差海岸)
- Hashikami pour le Mont Hashikami (Hashikami-dake, 階上岳)
Iwate :
- Kuji pour la côte Samuraihama (Samuraihama-kaigan, 侍浜海岸) et la côte Kosode (Kosode-kaigan, 小袖海岸)
- Noda pour les rivages Tofugaura (Tofugaura, 十府ヶ浦) et la côte Tamagawa (Tamagawa-kaigan, 玉川海岸)
- Fudai pour le cap Kuro (Kuro-saki, 黒崎)
- Tanohata pour le cap Kitayama (Kitayama-zaki, 北山崎) et les falaises d’Unosu (Unosu-dangai, 鵜ノ巣断崖)
- Iwaizumi pour la plateforme d’observation Kumanohana (Kumano-hana-tenbôdai, 熊の鼻展望台)
- Miyako pour la côte de Tarô (Tarô-kaigan, 田老海岸), pour les rochers Sannô (Sannô-iwa, 三王岩), la plage de Jôdogahama (Jôdo-ga-hama, 浄土ヶ浜) et le cap Todo (Todo-ga-saki, 魹ヶ崎)
- Yamada pour sa baie (Yamada-wan, 山田湾), la péninsule de Funakoshi (Funakoshi-hantô, 船越半島) et falaises d’Akahira-kongo (Akahira-kongo, 赤平金剛
- Ôtsuchi pour la côte de Namiita (Namiita-kaigan, 浪板海岸) et l’île de Hôrai (Hôrai-jima, 蓬莱島)
- Kamaishi pour le cap Ohako (Ohako-zaki, 御箱崎) et l’île Sangan (Sangan-jima, 三貫島)
- Ôfunato pour la côte Goishi (Goishi-kaigan, 碁石海岸) et l’île Sango (Sango-jima, 珊琥島)
- Rikuzentakata pour la plaine Takatamatsu (Takatamatsu-bara, 高田松原)
Miyagi :
- Kesennuma pour la côte Dairiseki (Dairiseki-kaigan, 大理石海岸), les rochers Oogama-Hanzô (Oogama-Hanzô, 巨釜半造), le cap Osaki (O-saki, 御崎), le cap Iwai (Iwai-saki, 岩井崎) et le cap Tatsumai (Tatsumai-zaki, 龍舞崎) sur l’île d’Oshima
- Minamisanriku et Kesennuma pour le Mont Tatsugane (Tatsugane-san, 田束山)
- Ishinomaki et Minamisanriku pour le cap Kamiwari (Kamiwari-zaki, 神割崎)
- Tome pour les temples Yokoyama-Fudoson et Yanaizu-Kokuzôson (Yokoyama-fudoson・Yanaizu-kokuzôson, 横山不動尊・柳津虚空蔵尊)
- Ishinomaki et Onagawa pour la ligne féroviaire Cobalt (Kobaruto-rain, コバルトライン)
- Onagawa pour l’île d’Enoshima (E-no-shima, 江島)
- Ishinomaki pour les îles de Tashiro (Tashiro-jima, 田代島) et de Kinkasan (Kinka-san, 金華山)
Conclusion
Toutes les villes qui font partie de ce parc possèdent une PokéPlak. Le lien entre le patrimoine naturel des côtes du Sanriku et les PokéPlaks de Miyagi et Iwate pourrait expliquer pourquoi seulement deux plaques ont été ajoutées pour le moment dans le département d’Aomori.
Toutefois, même si certaines PokéPlaks font effectivement directement référence à ces sites naturels (Hachinohe, Tanohata, Miyako, Ôtsuchi, Rikuzentakata, Ishinomaki), ce n’est pas un critère indispensable. De plus, comme on a pu le voir dans le département de Miyagi, il n’est pas exclu qu’une seconde série de PokéPlak soit créée pour mettre en valeur le reste du département d’Aomori.
En attendant l’apparition de nouvelles plaques à Aomori ou dans les deux derniers départements du Tôhoku (Yamagata et Akita) où il n’y a pas encore de PokéPlak, nous allons continuer notre route pour explorer Hokkaido !
Sources et ressources
Photos : partagées avec l’accord de leur propriétaire
Dessins : Perce-Image
Présentation des deux plaques au public
Informations sur le phare de Hashikami
Kazemaru la mascotte de Hashikami
Kaze, les oursins du nord-est du Japon
Le greenling gras appelé Aburame ou Ainame
Toutes les informations utiles à propos des larves d’akai-tento
Présentation du café sur le site de Hashikami
Article de blog, interview sur Akai-tento en 2014
Vidéo Youtube de septembre 2009 filmée sur un marché
Dégustation de larves bonbon filmée en 2014
Article de blog les parfums des larves
Autre article sur les parfums et photo des larves
Les bonbons larves sur le marché de Hachinohe en 2021
Dates et horaires de présence du café Akaitento sur le marché de Tatehana-kanbei-asaichi
Présentation du marché Tatehana-kanbei-asaichi
Les différents marchés où on trouve le café
Site officiel de la ville de Hachinohe
Article wikipédia du sanctuaire de Kabushima (en japonais)
Les symboles de la ville de Hachinohe
Population d’oiseaux à Kabushima
Le lien entre étymologie et charadesign (en japonais)
Les Goélands :
- à manteau ardoisé : (article français)
(article japonais)
(article anglais) - cendrés :
- à queue noire (article anglais)
(article français) https://fr.wikipedia.org/wiki/Go%C3%A9land_%C3%A0_queue_noire
Kabushima (article Wikipédia en japonais)
https://ja.m.wikipedia.org/wiki/%E8%95%AA%E5%B3%B6Hachinohe (article Wikipédia en japonais)