Plaques Kokeshi – Partie 2 : Fukushima

Pour notre deuxième étape, nous partons vers le sud pour trouver d’autres plaques. Cet autre modèle de plaque se trouve à une quarantaine de kilomètres à l’ouest du bourg de Kawamata où nous étions passés accompagnés de Leveinard, dans le nord du département de Fukushima.

Sommaire

Le style Tsuchiyu

Le style Tsuchiyu a été fondé pendant l’ère Tempo, entre 1830 et 1844, par Kamegorô Sakuma (Sakuma Kamegorô, 佐久間亀五郎, ?-1832), puis raffiné et développé par son fils Yashichi Sakuma (Sakuma Yashichi, 佐久間弥七, 1822-1880). Le corps des kokeshi Tsuchiyu est légèrement évasé vers le bas. Leur tête est généralement un peu allongée. Elle s’arrondit vers le menton et est souvent aplatie au sommet.

Le sommet de la tête est décoré par deux cercles concentriques noirs qui laissent apparaître le bois au centre du crâne. Comme les kokeshi Naruko, elles sont coiffées à la manière des jeunes enfants de l’époque Edo. Cependant, pour les kokeshi Tsuchiyu, les cheveux ne forment pas de boucle au dessus de la frange qui est collée au plus grand cercle noir. Entre la frange et les mèches qui encadrent le visage, un ruban rouge (Kase, カセ) orne les tempes.

Les yeux sont étirés et dessinés par deux traits fins qui entourent une grosse pupille noire.  Ils sont surmontés de longs sourcils en forme de parenthèses horizontales. Le nez est en U. La bouche est dessinée par une vaguelette soulignée d’un petit trait.

Variations et types à part entière

Le corps des Tsuchiyu est généralement décoré d’une succession de rayures horizontales, mais on peut aussi trouver des rayures oscillantes, des fleurs de camélias ou des iris.

La succession de rayures sur le fût est un élément distinctif de ce style. Toutefois, il existe plusieurs types regroupés sous le style Tsuchiyu.

aperçu de deux kokeshi tsuchiyu en couleur
Schéma de deux kokeshi Tsuchiyu – Détail colorisé des plaques de Tsuchiyu Onsen

Sabako

Les kokeshi de type Sabako (鯖湖), sont reconnaissables par les larges bandes jaunes et rouges séparées par une très fine ligne verte peintes sur leur corps. La tête de ces kokeshi est un peu plus aplatie que pour les autres Tsuchiyu. On peut trouver des motifs floraux mais ils sont rares et toujours réalisés librement.

Nakanosawa

Autrefois classées en tant que sous-type du style Tsuchiyu, ces poupées ont commencé à prendre leur indépendance depuis 2018, soit trois ans avant le centenaire de ce type. Le style Nakanosawa (中丿沢系) partage des points communs avec le style Tsuchiyu (cercles sur le crâne, rayures sur le corps) mais il s’en distingue par ses origines et par le visage de ses kokeshi. En effet, les kokeshi Nakanosawa sont reconnaissables à leur expression de surprise. Elles possèdent notamment de grands yeux écarquillés et entourés de rouge, ainsi qu’un nez épaté.

Deux kokeshi, trois fleurs et quatre kanji

Sur les plaques d’égoût de Tsuchiyu on trouve encore un duo de kokeshi. Il existe deux modèles de plaques. Le plus ancien modèle est le plus simple. Deux kokeshi, trois fleurs et quatre kanji ressortent en relief sur un fond plat. L’autre modèle est quant à lui un peu plus élaboré, mais on y retrouve les deux kokeshi : une grande au centre et une plus petite à droite, les deux étant légèrement tournées vers la gauche. L’arrière-plan est rempli par un damier comme sur les plaques de Naruko, mais il est compris dans une forme particulière de quadrilobe très arrondi. Comme pour les plaques de Naruko, ce damier permet d’augmenter l’adhérence sur la plaque.

Nouvelle plaque de Tsuchiyu Onsen
Kokeshi de Tsuchiyu Onsen – Nouvelle plaque – Photo originale par @Shikoren4500

Les sources chaudes de Tsuchiyu

Le nom qui est gravé de part et d’autre de la plus grande kokeshi, nous indique que là aussi, ces kokeshi sont associées à des sources chaudes : Tsuchiyu onsen (土湯温泉).

Apparences des deux kokeshi de Tuchiyu

La représentation de ces deux kokeshi est très fidèle à l’apparence générale des kokeshi de style Tsuchiyu, à l’exception de leurs yeux qui ont été simplifiés. Leur visage est composé de six traits : deux sourcils en forme de parenthèses, deux yeux également en parenthèse ou en amande, un nez en “U” et enfin une petite bouche charnue où on devine le creux de la lèvre supérieure.

Elles ont également une frange et deux touffes de cheveux qui descendent le long des tempes. Comme elles regardent vers la gauche, une mèche ne se détache pas totalement des contours de la tête. Leur corps, d’un diamètre inférieur à celui de la tête, est fuselé et se resserre au niveau du cou. Le fût est décoré d’une succession de rayures horizontales.

Deux visages pour un même style

Même s’il est visible que ces deux poupées appartiennent au même style, au-delà de la taille elles présentent quelques différences.

La plus grande a une tête plutôt cylindrique et allongée, tandis que la tête de la petite est plus sphérique.

Sur la plus grande, les yeux sont plus près des sourcils et le nez est plus long. Alors que sur la petite, l’écart entre les sourcils et les yeux est deux fois plus important et par conséquent ses yeux sont plus proches du nez, lui-même plus court.

Comme pour les poupées de style Naruko, on retrouve aussi les deux mèches sur les tempes et une touffe de cheveux sur le front. L’épaisseur du contour au sommet du crâne suggère les cercles concentriques qui doivent s’y trouver. Sur la petite kokeshi, le cercle inférieur se découpe clairement et semble traverser la frange.

Ancienne plaque de Tsuchiyu Onsen
Kokeshi de Tsuchiyu Onsen – Ancienne plaque – Photo originale par @Vonqo

Des rayures variables

Le corps des deux poupées semble moins large que la tête et se resserre même à l’encolure. Conformément au style Tsuchiyu, les épaules ne sont pas marquées. Le fût des kokeshi est décoré d’une alternance de lignes fines et de bandes plus larges en creux et en relief. Alors que la base de la grande kokeshi est masquée par des fleurs, on voit que l’alternance des rayures se poursuit jusqu’à la base de la petite kokeshi. Ces détails ne sont visibles que sur l’ancien modèle de plaque au fond épuré où la représentation du fût des kokeshi est plus minutieuse.

Puisque les plaques sont monochromes, voici à quoi peuvent ressembler ces kokeshi dans la réalité et comment elles sont fabriquées :

Vidéo de la fabrication d’une kokeshi Tsuchiyu par Abe Kazuei, 2004

Les lysichites blancs de Nidanuma

Pour finir, les trois fleurs aux premiers plans n’ont pas de rapport avec les kokeshi, si ce n’est la proximité géographique du lieu où elles poussent. Ce sont des lysichites blancs (Mizubashô, 水芭蕉) reconnaissables à leur spathe blanche qui enveloppe l’épi central ou spadice, comme un large pétale. Ces fleurs ont la particularité de pousser en groupe dans les zones humides. On en trouve à proximité de l’étang Onuma (男沼) et surtout de l’étang Nidanuma (仁田沼), situés à quelques kilomètres au nord-ouest de la station thermale de Tsuchiyu.

Souvenirs d’été

Chaque année vers le début de l’été, de nombreux touristes viennent admirer la floraison de ces étonnantes fleurs. Culturellement, les mizubashô évoquent l’été car ils fleurissent entre avril et mai en basse altitude mais entre mai et juillet dans les régions montagneuses quand les neiges fondent. Depuis la diffusion sur les ondes de la chanson “Souvenirs d’été” (Natsu-no-omoide, 夏の思い出) en 1949, ces fleurs symbolisent aussi des “souvenirs agréables”.

Chanson Souvenirs d’été (夏の思い出), 1949

La prochaine partie concerne le style traditionnel le plus récent, celui de Tsugaru du département d’Aomori.

Ressources :

Sources et ressources

Photos : Auteur mentionné sous les photos
Illsutration : Perce-image

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